Nous venons par la présente vous manifester notre incompréhension devant votre décision de surseoir aux recommandations de la Commission d’Enquête Publique sur la création du Parc National de Guyane. Leurs conclusions indiquaient clairement la nécessité d’intégrer les zones de vie des populations amérindiennes du Haut-Maroni dans le cœur de Parc, restituant en cela la volonté clairement et librement exprimée des peuples premiers Wayana et Emérillon.
Votre décision, d’une part de réfuter l’expression citoyenne de l’enquête publique est un déni de démocratie, à moins que vous ne considériez ces populations comme des sous-citoyens, d’autre part de ne pas répondre à leur demande de protection, au travers de leur proposition de tracé de Parc, est un refus d’assistance à personnes en danger pour les raisons qui suivent.
Nous avons effectué en septembre dernier de nouvelles analyses mercure dans cette région et avons relevé un taux de pollution très au-dessus des seuils de l’OMS et jusqu’à 5 fois les seuils de l’EFSA (European Food Safety Authority). Il est avéré que cette pollution (pour ne pas dire empoisonnement) est consécutive aux activités d’orpaillage pratiquées de manière illégale dans cette région. Or les limites de Parc telles que vous les imposez rendront ces activités légales qui se multiplieront et accentueront la pollution mercurielle.
Dans le même temps nous avons été témoins d’incidents entre les orpailleurs et les amérindiens. Ces derniers, devant l’incapacité des autorités d’assurer leur protection, ont érigé des barrages sur le fleuve pour préserver leur espace vital. Tôt ou tard il y aura un accident, voire mort d’homme, et nous vous en tiendrons directement responsable comme vous serez responsable de toutes les conséquences sanitaires de l’accroissement de la pollution mercure de leurs zones de vie.
Nous n’osons pas croire que vous allez sacrifier sur l’autel d’une échéance de mandat présidentiel les populations autochtones de Guyane.
Nous n’osons pas croire que votre dernier acte envers les domiens se fera contre la volonté de la population guyanaise.
Nous n’osons pas croire que vous allez contribuer à la destruction d’un espace naturel appartenant au patrimoine mondial.
Un dernier espoir nous laisse penser que vous saurez être en accord avec vos propos tenus devant la communauté internationale sur les peuples premiers et l’environnement.
Dans le cas contraire votre mandat présidentiel serait entaché à jamais.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, notre plus haute considération.
Solidarité Guyane
http://www.solidarite-guyane.org/
PS : Cette lettre sera publiée