Toute la semaine, Gustave Dah, invité par le réseau Kikiwi, parcourt la Guyane et témoigne de sa séropositivité, dans le cadre des Journées caribéennes du dépistage. Hier, il a échangé avec des personnes vivant avec le VIH. Ce matin, il intervient sur Radio Peyi, à 8h20.
Parler de son VIH avec Gustave Dah, c’est découvrir une accumulation de problèmes de santé qui couvrent à peu près tout le champ des études de médecine, faire face à son sourire et à sa joie de vivre, écouter encore une dernière anecdote sur le pas de la porte et retrouver la pêche. C’est en tout cas l’espoir du réseau Kikiwi, qui l’a invité à témoigner de sa séropositivité toute la semaine, auprès de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et auprès du grand public, en Guyane, à l’occasion des Journées caribéennes du dépistage. Hier, il devait animer un groupe de parole avec des PVVIH accompagnées par le réseau Kikiwi. « Mais il est tellement difficile à ces personnes de s’exposer qu’elles n’ont pas voulu du groupe de parole. Cela s’est transformé en visites à domicile » pour des entretiens en tête à tête, relate Raisa Burillo-Gomez, coordinatrice centre-est du réseau Kikiwi.
« J’ai fait le test pour montrer l’exemple »
Si les personnes à qui il a rendu visite ont demandé à Gustave Dah comment il a découvert sa séropositivité, elles ont pu croire à un gag, tant il raconte l’épisode avec légèreté. D’ailleurs, à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso dont il est originaire, beaucoup doutent encore qu’il ait le sida. A l’époque il est cadre au service d’urbanisme. Sa petite sœur est testée positive au VIH, très tardivement. Comme elle vit à la campagne, il l’héberge chez lui pour qu’elle puisse suivre ses soins. Ils découvrent l’association REV+ (Responsabilité, espoir et vie +), dont il devient un conseiller. « C’est comme ça que j’ai commencé à militer et à parler du VIH. » Il enchaîne les visites à domicile, à l’hôpital, les discussions avec les familles des personnes concernées, les projections de films auprès des jeunes le week-end… « J’ai fait tout ça sans avoir fait moi-même de test. »
Un soir où il rentre chez lui avec sa sœur, il s’arrête au centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) où son association anime une action. « Les gens avaient peur de la prise de sang, posaient plein de questions, nous disaient que ça ne servait à rien de faire un test puiqu’ils n’auraient pas accès au traitement. Pour donner l’exemple, j’ai fait prendre mon sang. » Le résultat tombera deux semaines après. Il ne le révèlera jamais à sa sœur dont l’état de santé décline rapidement et qui décèdera peu après. Il le lui écrira, longtemps après son décès, dans une lettre très touchante.
« Je n’y ai pas cru »
Positif ! « Je n’y ai pas cru ! Ma réaction était différente de beaucoup d’autres qui s’effondrent, qui pleurent, qui ont l’impression que le ciel leur tombe dessus. » Il fait un deuxième test au CHU. Positif. Il se rend à la capitale, Ouagadougou. Fait un troisième test, « que j’ai payé très cher dans une clinique réputée ». Positif. « Évidemment qu’il était positif. Il n’allait pas changer même si c’était mon souhait. » Sa sœur décède. « Très vite, je suis revenu dans l’association et j’ai continué ce que je faisais. » L’État burkinabè impulse la création de comité de lutte contre le VIH, à tous les échelons de l’administration. Gustave Dah devient naturellement le référent dans son service. « Tout le monde, dans la ville, savait que Gustave était dans la lutte contre le sida. Mais beaucoup ne croyaient pas que j’étais positif. »
Au mitan des années 1990, il est traité avec du Cotrimoxazole. Un ganglion lui apparaît au cou. Traité en vain. « Plus on traitait plus le ganglion grossissait et lui faisait mal. » Selon son médecin, ce peut être soit la tuberculose, soit un cancer. « Si c’est la tuberculose, on peut traiter ici. Si c’est un cancer, ça ne pourra pas être ici. » C’est un lymphome non hodgikinien. En un mois, après avoir écarté l’idée d’être pris en charge en Côte d’Ivoire (guerre civile) ou au Sénégal (aussi cher qu’être pris en charge en France), il organise son départ à Paris. « A 18 heures, je récupérai mon visa ; à 22 heures, j’étais dans l’avion. » Le vol est un enfer, entre vomissements et pertes de connaissance. A Paris, il retrouve un praticien de l’hôpital Tenon, ami de son médecin du Burkina Faso. « Avec le lymphome, on ne pouvait plus faire le tour de mon cou avec les mains. Ma tête reposait sur mes épaules. Je ne me reconnaissais plus. »
Phlébite, perte des glandes salivaires et prothèse de hanches
Son médecin burkinabè lui fixe un rendez-vous deux mois après. « J’ai payé cher pour aller en France, alors je lui ai annoncé que j’allais faire un mois de tourisme. » A sa sortie d’oncologie, il est admis dans un foyer post-hospitalisation. Il vient de faire une phlébite à la jambe gauche, « très mal prise en charge ». Aujourd’hui encore, il porte un bas de contention en permanence. La radiothérapie lui « grille les glandes salivaires. Je ne produis plus de salive. C’est pourquoi je bois souvent de l’eau. » En le racontant, il ne peut s’empêcher de rigoler sur le fait qu’on vient de lui acheter des coxhina à son arrivée en Guyane. « Je ne peux pas manger de pomme de terre parce qu’il faut beaucoup de salive pour l’avaler. C’est comme ça que je vis depuis. Les gens ne le savent pas. A table, il y a des aliments que j’évite. »
« Ça, ce sont les conséquences de la radiothérapie. Maintenant, les conséquences de la chimiothérapie, car ce n’est pas fini ! J’ai fait une ostéonécrose. Aujourd’hui, je porte deux prothèses de hanche et une à l’épaule droite. Avec l’âge, il y a des calcifications et des tendinites qui se sont ajoutés. » Gustave Dah ne se départit pas de son sourire. Ni de son énergie à militer contre le sida.
« Pour toi, je promets de consacrer le reste de ma vie à la lutte contre le VIH-sida »
D’abord chez Act Up. « C’était des jeunes, des homosexuels, très virulents, qui pouvaient faire jusqu’à trois manifestations par jour. Ils avaient trop la pêche ! » Il rejoint Aides. Avec quelques Africains hétérosexuels de l’association, il créé « un sous-groupe » : Bissau Farafina. Puis intervient au Comité des familles. Le curé de sa paroisse, où il aide souvent à l’accueil, l’envoie auprès de l’association Thibériade (devenu Centre Bergère), lieu d’accueil des PVVIH fondé en 1987 par le cardinal Jean-Marie Lustiger. Il poursuit un mandat au bureau du Corevih Île-de-France centre. Dans un hôpital privé parisien, il anime des groupes de parole. Et rejoint Afrique Avenir, une association en lien avec le réseau Kikiwi.
Partout où il rencontre des PVVIH, « quand les gens arrivent la première fois, qu’ils n’arrivent pas à parler de leur sérologie, à le dire à leur famille, on leur dit d’écrire une lettre. » C’est comme ça qu’il a écrit celle à sa sœur. « En France, mon parcours a été long et pénible. J’ai rencontré des personnes très solidaires. Malgré le virus que je porte, malgré les effets secondaires de la chimio, j’ai un moral d’acier qui me permet de tenir bon et de continuer mon petit bonhomme de chemin (…) C’est en fait grâce à toi que j’ai fait ce test. Pour toi, je promets de consacrer le reste de ma vie à la lutte contre le VIH-sida. » Et de souligner : « L’écriture, ça permet de se décharger d’un poids, quelque part. »
Raisa Burillo-Gomez constate que parmi les PVVIH accompagnées par le réseau Kikiwi en Guyane, l’isolement social et la précarité gênent la bonne prise en charge. « Tout le monde se connaît. Personne ne veut s’exposer, même dans un groupe de parole.
On doit travailler en toute discrétion, individuellement, cas par cas. On a des cas où on suit les deux membres d’un couple qui se le cache l’un à l’autre. Vous imaginez le travail pour l’infirmière ? »
« Continuer de vivre »
Au fil des années, il assure n’avoir subi qu’une fois une discrimination liée au VIH. De la part d’un dentiste qui lui a refusé des soins. Et une fois la stigmatisation. De la part d’une infirmière qui lui faisait une prise de sang. « Quand je lui ai dit qu’en infectiologie, ils me piquaient sans gants, elle s’est calmée. Je sais que dans mon dos, ça parle. Mais en ma présence, jamais de problème. » Il encourage les PVVIH qu’il rencontre à relever la tête : « Au Burkina, nous avons connu des ministres séropositifs, un président de l’Assemblée séropositif. Qui les a discriminés ? Personne parce qu’ils continuent de vivre ! »
Avec l’enchaînement des problèmes de santé, il reconnaît qu’il n’a « pas eu le temps de réfléchir, de se morfondre. Tout s’est bousculé. La vie ne m’a pas fait de cadeau. » Mais ce croyant « bénit tous les jours le Seigneur pour ce qu’il a fait de ma vie. » Sans verser dans une croyance béate : « Quand certains refusent le traitement en disant que Jésus guérit, je leur dis : Oui, Jésus guérit. Mais si tu vas voir le médecin et que tu prends tes médicaments, ça ira mieux. »
« A chaque fois, il y a eu une porte de sortie »
« Les choses ont été très dures, mais à chaque fois il y a eu une porte de sortie, poursuit Gustave Dah (…) Tout est arrivé au moment où ça devait arriver. Et tout a trouvé sa solution (…) Ici, je souhaite discuter avec les PVVIH, pour connaître leurs problèmes, trouver des solutions, évoquer des astuces. »
Il croit beaucoup aux échanges entre pairs. Un jour que son infectiologue parisien lui demandait « Qu’est-ce que vous dites au PVVIH qu’on ne leur dit pas ? Après votre passage, ils sont heureux, ils vous réclament. » Lui : « Je dis la même chose que vous. Mais vous êtes médecin et Blanc. Moi, je suis comme eux. Souvent ce sont des Africains, qui n’ont pas fait le test tôt, qui se sont négligés (…) Dans les groupes de parole, souvent les personnes ne connaissent pas le sida, sont perdues, n’ont plus le moral. Quand je leur raconte mon histoire et que je leur dis que je suis encore debout, ils se disent qu’ils le peuvent, eux aussi. Aujourd’hui, quand tu as uniquement le VIH, prends tes médocs et bouge-toi. Généralement, ils apprécient ce message. »
« Souvent, les personnes ne savent pas où elles peuvent faire un test VIH et ne savent pas que c’est gratuit »
Entr’Aides fait partie des associations qui, toute la semaine, propose des actions dans le cadre des Journées caribéennes du dépistage. Vendredi, elle ouvrira ses portes, 10, rue Pichevin, à Cayenne et proposera des tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) de 8 heures à 17 heures. « Il faut communiquer, communiquer, communiquer » sur le dépistage, comme c’est le cas à l’occasion de ces Journées caribéennes, encourage Mayelin Estevez, responsable de la prévention à l’association Entr’Aides.
Toute l’année, elle anime des séances sur la santé sexuelle et reproductive, dans les établissements scolaires ou à la Mission locale. Les jeunes qu’elle rencontre « ne connaissent pas le dépistage VIH, pour la plupart. On met l’accent dessus, on les incite à se faire dépister une fois par an. S’ils sont multipartenaires, c’est un minimum. Mais beaucoup n’ont pas connaissance des lieux où ils peuvent le faire, ne savent pas qu’on peut le faire gratuitement et qu’il existe les Trod qui donne le résultat en quinze minutes. »
Dans le cadre du programme de son programme de prévention, Entr’aides intervient également auprès des travailleuses du sexe, lors de maraudes le vendredi soir. L’association leur distribue des préservatifs, ainsi qu’aux potentiels clients. Elle leur propose aussi de les accompagner pour le suivi de prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP). Enfin, elle les accompagne au dépistage. « Pour elles, qui sont souvent sans papier, c’est compliqué car elles hésitent à circuler en ville », constate Mayelin Estevez.
Aux urgences, le dépistage de masse du VIH se révèle efficace
En 2017, près de 1% des patients ayant réalisé un test rapide d’orientation diagnostique (Trod) aux urgences de Cayenne ont été positives au VIH. Or on estime que la stratégie de dépistage par Trod est efficace dès 0,1 % de positivité. Ces résultats ont été présentés par Vanessa Morel, infirmière mobile de dépistage (Imod) au CHC, lors des Journées des soignants (JDS), le mois dernier. Elle les avait déjà exposés en 2018, aux Journées nationales d’infectiologie.
Au cours de ces douze mois, Vanessa Morel proposait un Trod à tous les patients passant aux urgences du lundi au vendredi de 8 heures à 15 heures, âgés de 18 à 70 ans, après un entretien personnalisé. Etaient écartés ceux relevant de la psychiatrie, ne pouvant pas répondre au questionnaire ou accompagnés par les forces de l’ordre. Au total, 688 patients ont été dépistés ; 11 étaient séropositifs dont 6 (0,87 %) l’ont découvert à ce moment-là.
Sur ces 688 personnes, « 80 % avaient déjà effectué un dépistage au cours de leur vie, dont 64 % au cours des cinq dernières années et 36 % au cours des douze derniers mois, explique Vanessa Morel. Parmi les 217 patients (24%) ayant refusé le Trod, les principales explications fournies étaient l’absence alléguée de prise de risque et la réalisation récente d’un test. Cependant, 13% d’entre eux n’avaient jamais eu recours à un test et 35% avaient un test de plus d’un an. La principale raison évoquée d’accepter le Trod était de réaliser un contrôle de routine (68%). Une prise de risque dans le passé était rarement invoquée (12%). 51% avaient réalisé un dépistage au cours des cinq dernières années et 37% avaient un test <1an. Une grande part de la population interrogée pensait que le dépistage VIH était réalisé systématiquement lors de toute prise de sang. »
L’impact de ce dépistage massif s’est révélé plus important que lors d’une étude similaire à Paris où 0,14 % des personnes testées positives ne connaissaient pas leur séropositivité. Autre différence notoire : à Paris, « les personnes dépistées appartenaient à des populations à risque (hommes homosexuels et Africains sub-sahariens), encourageant plutôt à favoriser le dépistage ciblé ». Ce n’était pas le cas en Guyane où la séropositivité a été découverte chez des personnes très différentes. Ce qui plaide en faveur d’un dépistage généralisé. En 2018, la mission a évolué avec la création d’une équipe mobile de dépistage et la proposition du Trod à tous les patients hospitalisés au CHC.
Le programme des Journées caribéennes du dépistage
Aujourd'hui
Groupe de parole et repas pour les usagers, bénévoles et salariés de l’association Entr’Aides, de 12 heures à 15 heures, à Cayenne.
Demain
Jeudi
Dépistage Trod et sensibilisation des jeunes du service national universel, au lycée de Matiti (Macouria) de 10 heures à 12 heures, puis à Sablance, avec Ader et SIS association.
Vendredi
Samedi
Lundi 27 juin
Mardi 28 juin
Cet article est issu de la Lettre pro de l’Agence régionale de santé. Vous pouvez vous y abonner en remplissant le formulaire suivant : https://forms.sbc28.com/5a8bed50b85b5350ef1cd117/t13M7zUZQi2XMq5E3DdnhQ/0WQoeDwjRXqJblCpKbLDzA/form.html
Throughout the week, Gustave Dah, invited by the Kikiwi network, travels around French Guyana and testifies to his HIV status, as part of the Caribbean Screening Days. Yesterday, he exchanged with people living with HIV. This morning, he intervenes on Radio Peyi, at 8:20.
To talk about his HIV with Gustave Dah is to discover an accumulation of health problems that cover almost the entire field of medical studies, to face his smile and his joie de vivre, to listen to one more anecdote on the step from the door and find the fishing. In any case, this is the hope of the Kikiwi network, which invited him to testify about his HIV status all week long, to people living with HIV (PLHIV) and to the general public, in French Guiana, at the occasion of the Caribbean Screening Days. Yesterday, he was to animate a discussion group with PLHIV accompanied by the Kikiwi network. “But it is so difficult for these people to expose themselves that they did not want the support group. This turned into home visits “for face-to-face interviews, says Raisa Burillo-Gomez, center-east coordinator of the Kikiwi network.
“I did the test to lead by example”
If the people he visited asked Gustave Dah how he discovered his HIV status, they might have thought it was a gag, as he recounts the episode so lightly. Moreover, in Bobo-Dioulasso, the second city of Burkina Faso where he is from, many still doubt that he has AIDS. At the time, he was an executive in the town planning department. His little sister tested positive for HIV, very late. As she lives in the countryside, he takes her into his home so that she can follow her care. They discover the association REV+ (Responsibility, Hope and Life +), of which he becomes an advisor. “That’s how I started to be an activist and talk about HIV. “He goes on home visits, at the hospital, discussions with the families of the people concerned, film screenings with young people on weekends…” I did all that without having done a test myself. »
One evening when he returns home with his sister, he stops at the anonymous and free screening center (CDAG) where his association is leading an action. “People were afraid of the blood test, asked lots of questions, told us that it was useless to do a test since they would not have access to treatment. To set an example, I had my blood drawn. The result will come two weeks later. He will never reveal it to his sister whose state of health declines rapidly and who will die shortly afterwards. He will write to her, long after her death, in a very touching letter.
"I didn't believe it"
Positive ! "I didn't believe it! My reaction was different from many others who are breaking down, crying, feeling like the sky is falling on them. “He does a second test at the CHU. Positive. He goes to the capital, Ouagadougou. Done a third test, "for which I paid dearly at a reputable clinic". Positive. “Obviously he was positive. He was not going to change even if it was my wish. His sister dies. “Very quickly, I came back to the association and I continued what I was doing. The Burkinabè State is pushing for the creation of committees to fight against HIV, at all levels of the administration. Gustave Dah naturally becomes the referent in his department. “Everyone in the town knew that Gustave was in the fight against AIDS. But many did not believe that I was positive. »
In the mid-1990s, he was treated with Cotrimoxazole. A ganglion appears on his neck. Treated in vain. “The more we treated the more the ganglion grew and hurt him. According to his doctor, it could be either tuberculosis or cancer. “If it’s tuberculosis, we can treat here. If it's cancer, it can't be here. It's non-Hodgikin's lymphoma. In one month, after having ruled out the idea of being taken care of in Côte d'Ivoire (civil war) or Senegal (as expensive as being taken care of in France), he organized his departure to Paris. “At 6 p.m., I got my visa; at 10 p.m., I was on the plane. The flight is hell, between vomiting and fainting. In Paris, he finds a practitioner from the Tenon hospital, a friend of his doctor from Burkina Faso. “With lymphoma, you couldn't go around my neck with your hands. My head rested on my shoulders. I no longer recognized myself. »
Phlebitis, loss of salivary glands and prosthetic hips
His Burkinabè doctor sets him an appointment two months later. “I paid a lot to go to France, so I told him that I was going to do a month of tourism. When he left oncology, he was admitted to a post-hospitalization home. He has just had phlebitis on his left leg, "very badly taken care of". Even today, he wears a compression stocking all the time. The radiotherapy “grills his salivary glands. I no longer produce saliva. This is why I often drink water. As he tells it, he cannot help laughing at the fact that he has just been bought some coxhina when he arrives in French Guiana. "I can't eat a potato because it takes a lot of saliva to swallow it. That's how I've lived ever since. People don't know that. At the table, there are foods that I avoid. »
“Those are the consequences of radiotherapy. Now, the consequences of chemotherapy, because it's not over! I had osteonecrosis. Today, I have two hip prostheses and one on my right shoulder. With age, there are calcifications and tendinitis that have been added. Gustave Dah didn't let go of his smile. Nor of his energy to militate against AIDS.
"For you, I promise to dedicate the rest of my life to the fight against HIV-AIDS"
First at Act Up. “They were young people, homosexuals, very virulent, who could demonstrate up to three times a day. They had too much fishing! He joins Aides. With some heterosexual Africans from the association, he created “a sub-group”: Bissau Farafina. Then intervenes in the Family Committee. The priest of his parish, where he often helps with reception, sends him to the association Thibériade (now Center Bergère), a place of reception for PLHIV founded in 1987 by Cardinal Jean-Marie Lustiger. He is pursuing a mandate at the office of the Corevih Île-de-France center. In a private Parisian hospital, he leads support groups. And joined Afrique Avenir, an association linked to the Kikiwi network.
Wherever he meets PLHIV, “when people arrive the first time, they can’t talk about their HIV status, tell their family, they are told to write a letter. That's how he wrote the one to his sister. “In France, my journey was long and painful. I met some very supportive people. Despite the virus I carry, despite the side effects of chemo, I have a steely morale that allows me to hold on and continue on my merry way (…) It is in fact thanks to you that I did this test. For you, I promise to dedicate the rest of my life to the fight against HIV-AIDS. “And to emphasize:” Writing, it allows you to unload a weight, somewhere. »
Raisa Burillo-Gomez notes that among PLHIV supported by the Kikiwi network in French Guiana, social isolation and precariousness hinder good care. " Everyone knows each other. No one wants to expose themselves, even in a support group.
We must work discreetly, individually, on a case-by-case basis. We have cases where we follow the two members of a couple who hide it from each other. Can you imagine the work for the nurse? »
"Keep on living"
Over the years, he claims to have suffered HIV-related discrimination only once. From a dentist who refused him treatment. And once the stigma. From a nurse who was taking a blood test. “When I told her that in infectiology, they bit me without gloves, she calmed down. I know that behind my back, it's talking. But in my presence, never a problem. He encourages the PLHIV he meets to raise their heads: “In Burkina, we have known HIV-positive ministers, an HIV-positive President of the Assembly. Who discriminated against them? No one because they continue to live! »
With the chain of health problems, he recognizes that he “didn’t have time to think, to mope. Everything got messed up. Life did not give me a gift. But this believer “daily blesses the Lord for what He has done with my life. Without falling into a blissful belief: “When some people refuse treatment saying that Jesus heals, I tell them: Yes, Jesus heals. But if you go to the doctor and take your meds, you'll be fine. »
“Each time, there was a way out”
“Things were very hard, but each time there was a way out, continues Gustave Dah (…) Everything happened when it had to happen. And everything has found its solution (…) Here, I want to discuss with PLHIV, to find out about their problems, find solutions, talk about tips. »
He strongly believes in peer-to-peer exchanges. One day his Parisian infectiologist asked him “What do you say to PLHIV that we don’t tell them? After your passage, they are happy, they claim you. Him: “I say the same thing as you. But you are a doctor and white. Me, I am like them. Often it is Africans, who did not take the test early, who neglected themselves (…) In support groups, people often do not know about AIDS, are lost, no longer have their morale. When I tell them my story and tell them that I am still standing, they tell themselves that they can, too. Today, when you only have HIV, take your meds and get moving. Generally, they appreciate this message. »
"People often don't know where they can get an HIV test and don't know it's free"
Entr’Aides is one of the associations which, throughout the week, offers actions as part of the Caribbean Screening Days. Friday, it will open its doors, 10, rue Pichevin, in Cayenne and will offer rapid diagnostic orientation tests (Trod) from 8 a.m. to 5 p.m. "We must communicate, communicate, communicate" on screening, as is the case during these Caribbean Days, encourages Mayelin Estevez, prevention manager at the Entr'Aides association.
Throughout the year, she leads sessions on sexual and reproductive health, in schools or at the local Mission. The young people she meets “mostly don’t know about HIV testing. We focus on it, we encourage them to get tested once a year. If they are multi-partner, it is a minimum. But many are not aware of the places where they can do it, do not know that it can be done for free and that there are Trods which give the result in fifteen minutes. »
As part of its prevention program, Entr’aides also intervenes with sex workers, during marauding on Friday evenings. The association distributes condoms to them, as well as to potential clients. She also offers to accompany them for the follow-up of pre-exposure prophylaxis to HIV (PrEP). Finally, she accompanies them to screening. "For them, who are often undocumented, it's complicated because they hesitate to move around town," says Mayelin Estevez.
In the emergency room, mass HIV testing is effective
In 2017, nearly 1% of patients who performed a rapid diagnostic orientation test (TROD) in the Cayenne emergency room were HIV positive. However, it is estimated that the Trod screening strategy is effective from 0.1% positivity. These results were presented by Vanessa Morel, mobile screening nurse (Imod) at the CHC, during Caregiver Days (JDS), last month. She had already exhibited them in 2018, at the National Days of Infectiology.
During these twelve months, Vanessa Morel offered a Trod to all patients going to the emergency room from Monday to Friday from 8 a.m. to 3 p.m., aged 18 to 70, after a personalized interview. Those who were in psychiatry, unable to answer the questionnaire or accompanied by the police were excluded. A total of 688 patients were screened; 11 were HIV-positive, of which 6 (0.87%) discovered it at that time.
Of these 688 people, “80% had already undergone screening during their lifetime, including 64% in the last five years and 36% in the last twelve months, explains Vanessa Morel. Among the 217 patients (24%) who refused Trod, the main explanations provided were the alleged lack of risk-taking and the recent performance of a test. However, 13% of them had never had a test and 35% had a test for more than a year. The main reason given for accepting the Trod was to carry out a routine check-up (68%). Risk-taking in the past was rarely mentioned (12%). 51% had been screened in the last five years and 37% had a test <1 year. A large part of the population questioned thought that HIV screening was carried out systematically during any blood test. »
The impact of this massive screening was greater than in a similar study in Paris where 0.14% of people who tested positive did not know their HIV status. Another notable difference: in Paris, “those screened belonged to at-risk populations (homosexual men and sub-Saharan Africans), rather encouraging targeted screening”. This was not the case in French Guiana where seropositivity was discovered in very different people. This argues in favor of widespread screening. In 2018, the mission evolved with the creation of a mobile screening team and the offer of Trod to all patients hospitalized at the CHC.
The Caribbean Screening Days program
Today
tomorrow
Thursday
Friday
Saturday
Monday, June 27
Tuesday, June 28
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