Infos citoyennes
17/12/06
Communiqué des enseignants de Camopi
ETAT SANITAIRE DE L’ECOLE ET DE L’ANTENNE DU COLLEGE DE CAMOPI
DEMANDE DE SOLUTIONS D’URGENCE
Destinataires :
- Monsieur le Préfet
- Monsieur le Recteur
- Monsieur le Président du Conseil Général
- Monsieur le Maire de Camopi
- DAF
- DSDS
- Madame l’Inspectrice de l’Education Nationale Est Oyapock
- Monsieur le Principal du Collège Constant Chlore
- Les syndicats
- La presse
Plus personne n’ignore à présent l’état sanitaire de l’école primaire et de l’antenne du collège de Camopi. Une situation signalée maintes fois, année après année, en vain. Après 27 mois d’attente, fonctionnant sans eau et sans toilettes, l’antenne du collège Constant Chlore de Camopi a même fermé ses portes pendant trois semaines et demie afin de précipiter enfin les choses.
Un nouveau forage est venu renforcer le système d’adduction d’eau du village.
Suite à la visite du Directeur de l’Agriculture et des Forêts, constatant la mise en service du nouveau forage et après entretien avec les responsables des travaux, les collégiens sont retournés en classe le lundi 4 décembre dernier. Ce retour fut une question de confiance.
Qu’est-ce qui a changé depuis ?
Rien. C’est même pire.
Pour l’antenne du collège : les toilettes ont certes été enfin nettoyées. Il y a même eu de l’eau pendant deux heures… au détriment du reste du village. Depuis, plus rien. Pas une goutte. Retour à la situation initiale. Nous sommes donc de nouveau sans eau et sans toilettes mais nous pouvons dire que, en 28 mois de fonctionnement, le collège aura eu de l’eau et des toilettes fonctionnelles pendant deux heures !
Pour l’école primaire : depuis quinze jours, l’école primaire n’a plus ou presque pas d’eau. Il semblerait que les efforts entrepris pour le collège aient déshabillé le reste du village (le dispensaire se retrouve également privé d’eau).
Doit-on pour autant désirer un retour à l’état antérieur pour l’école primaire en considérant qu’il y avait alors une situation acceptable ? Non. Parce que la situation antérieure n’était guère plus enviable : l’eau arrivait rarement avant 11H00, soit trois heures et demie après l’arrivée des élèves.
Nous comprenons aujourd’hui, quel que soit le bricolage entrepris ici ou là, qu’il n’y a pas de solutions durables sur Camopi en l’état actuel du réseau d’adduction d’eau. Nous attirons votre attention sur le fait que nous sommes alimentés en eau par des forages situés en zone habitée, non protégée, ne disposant ainsi d’aucune condition essentielle pour garantir une eau saine, propre à la consommation. Non content de la situation anormale du premier forage, le deuxième et dernier forage a été entrepris à quatre mètres du premier, dans la même zone habitée, non protégée. La DSDS vous donnera toutes les informations et avis nécessaires sur les forages en question. On s’étonne même, vu les avis formulés sur le premier, qu’on ait pu laisser creuser un autre forage au même endroit.
Le réseau de Camopi fuit sans cesse. Il fuyait avant les travaux du dernier forage, il fuit toujours. Qu’a apporté le dernier forage ? 10m3 par jour. Sachant qu’avant les travaux, près de 150 personnes n’avaient pas d’eau dans le village, pouvait-on réellement penser, mathématiquement parlant, que ce forage allait être une solution ?
Réparons les fuites d’aujourd’hui, il faudra en réparer d’autres demain. Depuis deux ans, les employés de la commune se sont spécialisés dans la chasse à la fuite. Un jour, deux jours, une semaine… et l’inévitable se produit toujours. Que la situation des établissements scolaires en témoigne.
Nous demandons autre chose qu’un perpétuel bricolage. La situation ne peut plus durer.
Entre le collège et l’école, ce sont près de 350 enfants qui sont aujourd’hui scolarisés sur Camopi, accueillis dans des établissements privés d’eau.
Nous demandons l’équité dans notre République avec des établissements pourvus d’eau et de toilettes, fonctionnant aux heures de fréquentation, toutes les heures de fréquentation. Nous demandons des conditions d’hygiène et de santé dignes pour nos élèves. Nous ne demandons rien d’impossible.
Nous demandons à l’Etat et ses services de répondre à une situation d’urgence. Les conditions misérables d’accueil et d’exercice depuis des années ne nous éloigneront plus de ce constat : malgré sa pérennité, il s’agit bien d’une situation d’urgence.
Nous demandons que soient étudiées dans les plus brefs délais, puisque aucune solution durable ne peut être trouvée pour le village lui-même, des solutions pour les établissements scolaires qui les rendent autonomes. Le dispensaire est en train de s’équiper d’un système qui le rendra autonome en eau. Pourquoi ne pas faire de même pour les établissements scolaires ? Châteaux d’eau autonomes, système de récupération des eaux de pluies…
Nous souhaitons de tout notre cœur qu’une solution soit trouvée très rapidement à cette situation. Une solution définitive. Nous sommes prêts à nous associer à la réflexion. Nous souhaitons que certaines réunions aient lieu sur le terrain, car si sur le papier la situation de Camopi semble anormale voire incompréhensible vue de Cayenne, des professionnels compétents sauront comprendre les raisons objectives du problème et proposer des solutions viables, sensées, sur place.
Nous sommes déterminés à ne plus accueillir nos élèves dans ces conditions indignes et insalubres et nous annonçons que sans solution durable effective au 8 janvier 2006, les enseignants de l’école primaire de Camopi et les enseignants de l’antenne du Collège Constant Chlore à Camopi exerceront leur droit de retrait et n’accueilleront plus les élèves.
AULAGNIER Clarisse BERSON Laurent CAZABA Clément
CERIN Carlin ETIENNE Elodie FABBRI Béatrice
FABBRI Guillaume JOSEPHINE Patricia LAKHAL Mohamed
LEFEVRE Jean-Paul NOBLET Katia PALTON Josiane
SUDRE Pierre TETARD Marie THEVENOT Roger