Infos citoyennes
14/12/06
Communication de Pierre Lawoetey AJAVON
De la banalisation du discours populiste à la négrophobie
En reprenant ouvertement une idée de son ouvrage intitulé « le privilège des jonquilles » (Albin MICHEL, 2006) incriminant « la bite des noirs, responsable de la famine en Afrique », Pascal SEVRAN, l’amuseur public de France 2 n’exprime-t-il pas tout haut ce que le tiers des français – qui selon un récent sondage se déclare franchement raciste - pense tout bas ?
A en croire l’animateur lui-même, que certains journalistes africains nomment désormais « le GOBINEAU nouveau » ou le « Docteur MENGUELE français » (référence au spécialiste de l’eugénisme sous le régime hitlérien), il ne serait pas le seul à le dire !!! Avant d’ajouter qu’il « faudrait stériliser la moitié de la planète ».
Face à de tels propos franchement racistes qui tombent sous le coup de la loi française, plusieurs associations dont le Collectif DOM-TOM (antillo-guyanais, réunionnais et mahorais) et le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires en France) ont décidé de porter plainte contre Pascal SEVRAN. En Guyane, comme le prévoient ses statuts, le CEDIPA (Cercle d’Initiatives Pour l’Afrique) se réserve également la possibilité d’ester en justice.
Au-delà des condamnations, protestations et indignations venant essentiellement des associations de défense des Droits de l’Homme, se pose la lancinante question : pourquoi un tel tapage médiatique autour d’un ombrageux animateur, alors que depuis les troubles dans les banlieues françaises en novembre 2005, on assiste à la montée en flèche d’un type de discours musclé qui s’avoue ouvertement raciste, stigmatisant surtout les « minorités visibles ».
En réalité, les propos de Pascal SEVRAN n’ont été que la goutte qui a fait déborder le vase d’une négrophobie qui tend à se banaliser de plus en plus dans notre société.
Tout observateur averti relèvera donc l’enracinement de penchants et propos racistes, essentiellement dans certains milieux politiques, médiatiques et scientifiques ayant pris goût à cet art consommé de servir à moindre frais du Nègre, qui a ses électeurs, qui à ses lecteurs, qui à ses auditeurs…
Dès lors, hommes politiques rompus aux méthodes populistes et démagogiques d’attrape-voix, journalistes en quête d’audimat, archéo-intellectuels sertis dans leur pseudo-science vont rivaliser de logomachies et écrits racistes sans que cela n’émeuve personne. Surtout les dirigeants politiques.
L’académicienne Hélène CARRERE-D’ENCAUSTE ne déclarait-elle pas l’année dernière, au plus fort de la crise des banlieues, qu’il fallait rechercher la cause de ce mal dans le comportement polygamique des Africains ?
L’historien révisionniste Olivier PETRE-GRENOUILLEAU (qui a désormais ses thuriféraires parmi certains enseignants en Guyane) ne concédait-t-il pas que la traite de Noirs était un banal commerce qui a peu profité à la France ? Un autre intellectuel ci-devant philosophe, A. FINKIELKRAUT n’ironisait -il pas récemment sur l’équipe française de football qu’il qualifie de « Black-Black-Black » ? Ces déclarations restées impunies ont sans doute galvanisé le député maire de Montpellier, monsieur FRÊCHE qui a fait tout récemment fait ses gorges chaudes des Noirs de l’équipe de France. Que dire également d’un autre amuseur public du petit écran, FOGIEL, pris en flagrant délit anti-noir après un SMS frauduleux ? La liste est longue, en passant par Pascal (un autre !) BRUCKNER, Stephen SMITH, Max GALLO…..
Le plus inquiétant c’est que, malgré les faits avérés, toutes ces personnes ne sont nullement inquiétées : Georges FRÊCHE est toujours élu de l’Hérault et apporte son soutien à Ségolène ROYAL pour les élections présidentielles. De même, malgré toutes les protestations, Pascal SEVRAN trône toujours sur le petit écran ; il est vrai qu’il s’est auto- proclamé membre du comité de soutien à Nicolas SARKOZY. Alain FINKIELKRAUT passe devant les tribunaux le 12 décembre 2006 pour déclarationss racistes. Mais parions qu’il gardera ses enseignements au Collèges de France. De même,le révisionniste récipiendaire du prix d’histoire, O. PETRE GRENOUILLEAU conservera sûrement sa chaire en Bretagne, et ainsi de suite.
Dès lors, comment s’étonner des surenchères des uns et des autres, puisque consciemment ou inconsciemment une frange de la population française a déjà intégré et banalisé ces comportements négrophobes.
Aussi, si Pascal SEVRAN et autres bien pensants se croient autorisés à déverser leurs déjections nauséeuses sur les Noirs et les Africains, c’est que le discours politiques se lepénise dangeureusement en France, et le sera davantage à l’approche des élections.
Avec malheureusement son lot de mépris, d’injures racistes, de négrophobie et surtout d’impunité.
Il est vrai qu’il ne s’agit que des Nègres. Et pourtant, Aimé CESAIRE le visionnaire nous avait mis en garde : « On n’est pas Nègre impunément ».
Pierre Lawoetey AJAVON
Enseignant chercheur en histoire et anthropologie.