Tandis qu'une campagne d'information nous demande de mieux respecter la Nature et qu'un colloque inter-caraibeen invite à réfléchir aux conséquences prévisibles du bouleversement climatique lié à l'activité humaine, le film de Al Gore, « Une vérité qui dérange » nous avertit que nous n'avons que 10 ans pour changer de comportements.
Dans le même temps les élus de Guyane, en charge de notre avenir, visitent fièrement le chantier du tronçon de route Saint Laurent-Apatou avec comme objectif d'arriver à Maripasoula pour atteindre Saül, remonter ensuite par Bélizon puis retourner sur Cayenne (F.Guyane 29/11/06).
Il y a fort à parier que l'inauguration du dernier tronçon se fera ...les pieds dans l'eau à moins que la montée du niveau de la mer n'épargne miraculeusement la Guyane.
Il est curieux de constater l'engagement fort de la Région contre le projet d'exploitation minière de la montagne de Kaw par l'industriel Cambior, contrastant avec son obsession à créer, par ailleurs, les routes réclamées par les orpailleurs.
Pourtant, l’absence de voies d'accés reste, malgré le haut cours de l’or, le seul frein à l’invasion des opérateurs miniers pour piller notre sous-sol avec son lot de déforestation.
Si l'on essaie régulièrement de nous convaincre de la nécessité d'un réseau routier sillonnant le pays, jamais aucune prévision sur les conséquences néfastes de ce projet n'est évoquée.
Pourtant la route n'est-elle pas la porte ouverte aux hors-la-loi en tous genres; planques de criminels, voie d'accès aux orpilleurs, pilleurs de bois précieux, braconniers (faune sauvages protégées ou non), déforestation illégale des forêts anciennes riveraines, aux décharges sauvages… ?
Ne va -t-on pas voir pousser encore plus de villages clandestins, se propager encore davantage dengue et paludismes ?
Le mercure géologique mobilisé par les travaux de terrassement ne va-t'il pas augmenter la pollution des rivières ?
Saura-t-on un jour combien cette "conquête territoriale" aura coûté en équivalence de salles de classes par kilomètre routier bitumé ?... et son entretien par la suite, de centres sportifs ou de lycées techniques ?
Au lieu de dépenser énergie et fonds publics dans des projets pharaoniques, ne serait-il pas plus judicieux d'investir davantage de dynamisme et de détermination dans la lutte, contre les filières complices de l'orpaillage clandestin qui génèrent insécurité en augmentation constante et dérive de la société ?
N'y a-t-il pas à fournir de gros efforts pour construire les écoles, les logements manquants, pour aménager les cours d'eau à la navigation, pour la mise en place d'une véritable desserte aérienne, pour que cesse enfin, le scandale intolérable de nos concitoyens démunis d'eau potable, de soins, d'énergie ou de téléphone, à Elahé, Twenké, Talwen, trois Sauts ou Saül ?...
Là sont les vraies urgences !
P.Monier
Pdt Attac-Guyane
monier.p.m@wanadoo.fr
ATTAC-GUYANE
Réagir à cet article