Au centre hospitalier de Kourou, la crise sanitaire a changé beaucoup de choses. Dans l’offre de soins, avec désormais un parcours patient précis jusqu’au lit de réanimation. Et dans les relations avec les praticiens des autres hôpitaux, où la coopération se déroule de manière plus fluide, constatent les Dr Olivier Laborde, président de la commission médicale d’établissement, et Mosa Tsafehy, directeur médical de crise.
C’était hier et pourtant ça semble loin. L’annonce du départ de la Croix-Rouge du Centre Médico-Chirurgical de Kourou (CMCK), un projet de rachat avorté, le serpent de mer de la fermeture de l’établissement qui ressurgit. C’était il y a à peine cinq ans. Paradoxalement, l’hôpital kouroucien, devenu Centre Hospitalier de Kourou (CHK) le 1er janvier 2018, devrait sortir renforcé de la crise sanitaire.
Comme les hôpitaux de Cayenne et Saint-Laurent du Maroni, celui de la ville spatiale a dû se réinventer avec la survenue de l’épidémie de Covid-19. Il a repoussé les murs, armé des lits ; les personnels se sont réorganisés, ont annulé des congés, enchaîné les heures supplémentaires, se sont formés à la prise en charge de patients de réanimation, activité qui n’avait jamais existé jusque-là à Kourou. Car depuis l’an dernier, l’établissement compte quatre lits de réanimation éphémères. Une étape de plus dans l’offre de soins.
Lorsqu’il arrive aux urgences, le patient subit forcément un test Covid-19. S’il arrive pour une autre cause – par exemple un accident de la route – un test antigénique permettra de lever le doute en quinze à vingt minutes. En cas de suspicion de Covid grave, le système Genexpert rendra un résultat plus solide en une heure. Les autres patients effectueront un test RT-PCR classique, dont le résultat sera connu en quelques heures.
- « Ça change la vie »
Au milieu des cinq box des urgences, la salle de déchocage – reliée au CHU de Besançon (Doubs) – permet notamment la prise en charge des AVC. « Ça change la vie, se réjouit le Dr Mosa Tsafehy, directeur médical de crise du CHK. Un patient qui arrive d’Iracoubo ou Sinnamary peut désormais être pris en charge à Kourou. C’est mieux aussi pour l’hôpital de Cayenne, à qui on va éviter de recevoir certains patients ou à qui on va transférer des patients qui ont déjà reçu une première prise en charge. » La directrice de l’ARS Clara de Bort soulignait combien la crise Covid avait « mis en lumière le rôle stratégique du CHK, central sur le territoire.. Un positionnement affermi, un hôpital qui fonctionne en parfait relai avec l’Ouest et le Centre Littoral. »
A l’étage, deux ailes du service de médecine polyvalente permettent la prise en charge des patients Covid avec syndrome respiratoire. Les autres – c’est-à-dire les patients hospitalisés pour une autre cause mais ayant été testés positifs au Covid-19 – sont accueillis dans le service de leur pathologie, dans des lits réservés. Quant à la chirurgie – qui fait depuis longtemps la renommée de Kourou – elle demeure en fonctionnement et ne sera déprogrammée que si le CHK accueille plus de huit patients Covid avec syndrome respiratoire. Ce n’était pas encore le cas en début de semaine. « Le CHK étant un petit établissement, lorsque l’on déprogramme, on ne dégage pas tant de personnels que ça », soulignent les soignants. Il s’agit donc d’une option de dernier recours, car le maintien d’une offre chirurgicale est essentielle pour les autres patients.
- « On peut dire qu’on a une véritable filière territoriale d’infectiologie »
Enfin, en cas d’aggravation, l’hôpital kouroucien est donc en mesure d’armer quatre lits de réanimation, avec salle de monitorage et surveillance vidéo des patients. Hier, les quatre lits étaient occupés par des patients atteints de Covid-19. En cas de débordement ? « Désormais, nous sommes au courant des tensions de chaque établissement. C’est très important, insiste le Dr Tsafehy. Aujourd’hui (lundi), on sait par exemple qu’il n’y a qu’un lit de disponible à l’EMR (élément militaire de réanimation). Le bed management nous a donné une bouffée d’oxygène. » Les équipes des trois établissements ont déjà organisé trois réunions de territoire sur les soins critiques. Elles échangent plusieurs fois par semaine lors des cellules de crise du groupement hospitalier de territoire (GHT).
« On ne remerciera jamais assez le Pr Hatem Kallel, pour le travail qu’il a réalisé », appuie le directeur Bernard Roehrich.
Ces relations plus étroites ne se limitent pas à la réanimation. « Maintenant, on peut dire qu’on a une véritable filière territoriale d’infectiologie, cite le Dr Tsafehy. On se partage les protocoles. Les choses se sont faites très rapidement sur l’infectiologie, car c’est le sujet de la pandémie, mais cela nous permet d’avancer sur les autres spécialités. Bientôt, sans doute en septembre, ce sera aussi le cas en endocrinologie. Les patients diabétiques d’Iracoubo, qui devaient se rendre jusqu’à Cayenne, peuvent désormais être pris en charge ici. »; « C’est stimulant pour les équipes. Nous faisons par exemple des staffs communs, abonde le Dr Olivier Laborde, président de la commission médicale d’établissement (CME). Avec les autres établissements, on se veut complémentaires, et non concurrents. »
At the Kourou hospital center, the health crisis has changed a lot of things. In the care offer, now with a precise patient journey to the intensive care bed. And in relations with practitioners from other hospitals, where cooperation takes place more fluidly, note Dr Olivier Laborde, president of the establishment medical commission, and Mosa Tsafehy, crisis medical director.
It was yesterday and yet it seems far away. The announcement of the departure of the Red Cross from the Center Médico-Chirurgical de Kourou (CMCK), an aborted takeover project, the sea serpent of the closure of the establishment which resurfaces. It was just five years ago. Paradoxically, the Kouroucien hospital, which became the Kourou Hospital Center (CHK) on January 1, 2018, should emerge stronger from the health crisis.
Like the hospitals in Cayenne and Saint-Laurent du Maroni, the one in the space city had to reinvent itself with the onset of the Covid-19 epidemic. He pushed back the walls, armed the beds; staff reorganized themselves, canceled holidays, worked overtime, trained in the care of intensive care patients, an activity that had never existed before in Kourou. Because since last year, the facility has had four short-lived intensive care beds. One more step in providing care.
When he arrives at the emergency room, the patient is bound to undergo a Covid-19 test. If it happens for another cause - for example a traffic accident - an antigen test will remove the doubt in fifteen to twenty minutes. In the event of a serious Covid suspicion, the Genexpert system will give a more solid result within an hour. The rest of the patients will do a standard RT-PCR test, the result of which will be known within a few hours.
- "It changes your life"
In the middle of the five emergency boxes, the removal room - connected to the CHU of Besançon (Doubs) - allows in particular the management of strokes. “It's life changing,” says Dr. Mosa Tsafehy, CHK crisis medical director. A patient arriving from Iracoubo or Sinnamary can now be taken care of in Kourou. It is also better for the Cayenne hospital, to which we will avoid seeing certain patients or to whom we will transfer patients who have already received initial treatment. "The director of the ARS Clara de Bort underlined how much the Covid crisis had "highlighted the strategic role of the CHK, central on the territory. A strengthened positioning, a hospital which functions in perfect relay with the West and the Center Littoral."
Upstairs, two wings of the multipurpose medicine department provide care for Covid patients with respiratory syndrome. The others - that is to say, patients hospitalized for another cause but having tested positive for Covid-19 - are accommodated in the department of their pathology, in reserved beds. As for the surgery - which has long made Kourou famous - it remains in operation and will only be deprogrammed if the CHK welcomes more than eight Covid patients with respiratory syndrome. This was not yet the case at the start of the week. "As the CHK is a small establishment, when you deprogram you do not release that many staff", underline the caregivers. It is therefore an option of last resort, as maintaining a surgical supply is essential for other patients.
- "We can say that we have a real territorial infectious disease network"
Finally, in the event of aggravation, the Kouroucien hospital is therefore able to equip four resuscitation beds, with a monitoring room and video surveillance of patients. Yesterday, the four beds were occupied by patients with Covid-19. In case of overflow ? “From now on, we are aware of the tensions of each establishment. This is very important, insists Dr Tsafehy. Today (Monday), for example, we know that there is only one bed available at the EMR (military resuscitation unit). The bed management gave us a breath of fresh air." The teams from the three establishments have already organized three territory meetings on critical care. They exchange several times a week during the crisis cells of the territorial hospital group (GHT).
"We cannot thank Professor Hatem Kallel enough for the work he has done," said Director Bernard Roehrich.
These closer relationships are not limited to resuscitation. "Now, we can say that we have a real territorial infectious disease network," says Dr Tsafehy. We share the protocols. Things were done very quickly on infectious diseases, because this is the subject of the pandemic, but it allows us to move forward on other specialties. Soon, probably in September, this will also be the case in endocrinology. Diabetic patients from Iracoubo, who were supposed to travel to Cayenne, can now be cared for here. "; “It's exciting for the teams. For example, we have joint staffs, replies Dr Olivier Laborde, president of the establishment medical commission (CME). With the other establishments, we want to be complementary, and not competitive. "
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