Le Dr Nadia Sabbah, chef du service d’endocrinologie et diabétologie du centre hospitalier de Cayenne, explique combien le vaccin est bénéfique pour ses patients. Elle souligne combien il est important que les soignants tiennent des discours cohérents avec leurs patients.
Il y a un an, vous vous inquiétiez de perdre de vue vos patients, dont les rendez-vous à l’hôpital avaient été annulés pendant le premier confinement. Qu’en a-t-il été ?
Malgré ce que nous avons mis en place pour qu’ils reviennent, il y en a que l’on a revus que très longtemps après le début de la crise sanitaire. Six, huit mois après. Depuis, c’est moins compliqué. Les patients sont moins inquiets de venir à l'hôpital, malgré le Covid, car on les rassure sur les mesures barrières mises en place. Cette crise sanitaire a aussi accéléré la mise en place de la filière ville-hôpital. Nous avons une collaboration forte avec les professionnels de santé de ville, notamment par la filière DIAM (Diabète Amazonie et Métabolisme) ce qui nous permet de maintenir un suivi très proche des patients. Avec la première vague, nous avons aussi découvert beaucoup de patients diabétiques lors des hospitalisations pour Covid. Beaucoup ont découvert leur diabète à ce moment-là. D’autres, souvent par méconnaissance des signes et de la gravité de la maladie ne consultaient pas, et ont été dépistés lors de l'infection.
Y a-t-il eu beaucoup de décès liés au Covid-19, parmi vos patients ?
Nous avons eu trois décès au sein de notre file active. Mais il y a eu aussi d’autres patients diabétiques en dehors de notre file active décédés.
C’est pourquoi vous les encouragez à se faire vacciner…
Les patients diabétiques figurent parmi les patients les plus à risque de développer une forme grave de Covid-19. Une personne diabétique avec deux comorbidités supplémentaires – par exemple l’obésité et l’hypertension, ce qui est fréquent – a cinq fois plus de risques d’être hospitalisée. Parmi les patients hospitalisés, les personnes diabétiques sont deux fois plus transférées en réanimation que les non diabétiques. En première vague, on a vu qu’elles restaient plus longtemps en réanimation. Il y a davantage de décès également.
Qu’en est-il des formes peu graves de Covid-19 ?
Durant la première vague, nous avons débuté une cohorte de suivi des patients diabétiques ayant été hospitalisés pour Covid, (cohorte CoviDiAm soutenue par un fond FEDER). Il s’agit d’un suivi à distance des patients diabétiques. On constate que ceux qui ont été infectés ont plus de mal à retrouver un équilibre. Ils décrivent aussi qu’ils sont moins bien plus longtemps que les autres personnes infectées. C’est vrai cliniquement, mais aussi psychologiquement. Ils ont du mal à l’effort, ils ont des chutes de moral. Même si l’hospitalisation se passe bien et qu’ils rentrent chez eux, c’est plus compliqué que pour les autres patients.
Constatez-vous des réticences de vos patients à se faire vacciner ?
Oui, ce sont les mêmes réticences que pour le reste de la population. Comme avec tout nouveau médicament, il faut réfléchir en termes de bénéfices et de risques. Chez un patient diabétique, en surpoids et hypertendu, le bénéfice est énorme : c’est de réduire très fortement le risque d’être hospitalisé. Ça, c’est un bénéfice à court et moyen terme. En face, on ne sait même pas s’il y a un risque à long terme. Ce qu’on sait, c’est que si on attrape la maladie, ce sera grave. Actuellement, la vaccination, c’est la seule solution permettant la réduction des formes graves, avec bien sur les mesures barrières.
Comment vous y prenez-vous avec les patients réfractaires ?
L’acceptation de la vaccination passe par l’écoute. Il ne faut bien sûr pas s’opposer frontalement aux patients et prendre son temps, les laissez réfléchir après avoir donné l'information la plus claire et objective possible. Derrière leur refus, il y a toujours une angoisse. Quand on voit tous les messages contradictoires sur le sujet qui circulent, c’est très anxiogène. Je leur dis de couper la télé, de se concentrer sur les choses scientifiquement prouvées. A ceux qui s’étonnent que le vaccin ait été trouvé aussi vite, je souligne qu’aujourd’hui, tout va plus vite. C’est le progrès. Si on met les moyens, il faut accepter que ça aille plus vite. Je leur propose aussi parfois de discuter avec les patients des associations de patients diabétiques, ou s'ils ont accès à internet d'aller sur le site de la Fédération des patients diabétiques.
Ces messages contradictoires proviennent parfois des soignants eux-mêmes. Certains des vôtres vous ont dit être pris en charge par des professionnels de santé qui leur déconseillent la vaccination…
C’est vrai que si nous n’arrivons pas à avoir le même discours, c’est compliqué pour le patient. Je dis à mes patients qu'il est important de se faire vacciner et ils me répondent parfois qu'un de leur soignant de proximité n’est pas favorable, alors le doute et l'anxiété s'installent. On a le droit de penser ce que l’on veut, mais dès que l’on est dans le soin au patient, on doit être le plus objectif possible. Quand un soignant a des doutes, ce qui nous arrive à tous, il ne doit pas hésiter à poser des questions et à discuter avec les collègues dont c'est la spécialité comme les médecins infectiologues. Il y a le libre choix de chacun, mais nous ne devons pas oublier que nous avons des patients à très haut risque. Il faut rester clair et objectif, et surtout toujours peser le bénéfice -risque qui n'est pas le même dans ce groupe de patients que dans la population générale.
Certains préfèrent prendre des plantes…
Il est important que les patients qui prennent des plantes continuent de le faire si cela leur fait du bien, il n'y a souvent pas de contre-indication avec leur traitement. Tout comme il faut maintenir une activité physique, en particulier chez les patients diabétiques et /ou obèses. Tout cela réduit les risques et fait du bien au moral. Mais pour l'instant le vaccin, reste la solution dont on a la preuve qu’il a un effet pour réduire les risques de forme sévère de la maladie.
Dr Nadia Sabbah, Head of Endocrinology and Diabetology at Cayenne Hospital Center, explains how beneficial the vaccine is for her patients. She emphasizes how important it is for caregivers to speak coherently with their patients.
A year ago, you were concerned about losing sight of your patients, whose hospital appointments were canceled during the first lockdown. What has it been?
Despite what we put in place to keep them coming back, there are some that we saw only a long time after the onset of the health crisis. Six, eight months later. It’s less complicated since then. Patients are less worried about coming to the hospital, despite the Covid, because they are reassured about the barrier measures put in place. This health crisis also accelerated the establishment of the city-hospital sector. We have a strong collaboration with city health professionals, in particular through the DIAM (Amazon Diabetes and Metabolism) sector, which allows us to maintain very close patient monitoring. With the first wave, we also discovered a lot of diabetic patients during hospitalizations for Covid. Many discovered their diabetes at that time. Others, often unaware of the signs and the severity of the disease, did not consult, and were screened for infection.
Have there been a lot of deaths linked to Covid-19, among your patients?
We have had three deaths in our active file. But there were also other diabetic patients outside of our active line who died.
This is why you encourage them to get vaccinated ...
Diabetic patients are among the patients most at risk of developing a severe form of Covid-19. A person with diabetes with two additional comorbidities - such as obesity and high blood pressure, which is common - is five times more likely to be hospitalized. Among hospitalized patients, people with diabetes are twice as transferred to intensive care units than non-diabetics. In the first wave, we saw that they stayed longer in intensive care. There are more deaths as well.
What about mild forms of Covid-19?
During the first wave, we started a follow-up cohort of diabetic patients who were hospitalized for Covid, (CoviDiAm cohort supported by an ERDF fund). This is a remote monitoring of diabetic patients. We see that those who have been infected have a harder time regaining their balance. They also describe that they are less much longer than other infected people. This is true clinically, but also psychologically. They struggle with the effort, they have low morale. Even if the hospitalization goes well and they go home, it is more complicated than for other patients.
Do you notice your patients' reluctance to be vaccinated?
Yes, there are the same reservations as for the rest of the population. As with any new medicine, you have to think in terms of the benefits and risks. In a diabetic patient who is overweight and hypertensive, the benefit is enormous: it is to greatly reduce the risk of being hospitalized. This is a benefit in the short and medium term. In the face, we do not even know if there is a long term risk. What we do know is that if we catch the disease, it will be serious. Currently, vaccination is the only solution allowing the reduction of severe forms, with of course barrier measures.
How do you deal with refractory patients?
Acceptance of vaccination comes through listening. You should of course not oppose patients head-on and take your time, let them think after giving the information as clear and objective as possible. Behind their refusal, there is always an anxiety. When you see all the contradictory messages on the subject circulating, it is very anxiety-provoking. I tell them to turn off the TV, to focus on the scientifically proven things. To those who are surprised that the vaccine was found so quickly, I would point out that today everything is going faster. This is progress. If we put in the means, we must accept that things go faster. I also sometimes suggest that they discuss with patients from associations of diabetic patients, or if they have internet access, to go to the site of the Federation of diabetic patients.
These contradictory messages sometimes come from the caregivers themselves. Some of your family have told you that they are taken care of by health professionals who advise them against vaccination ...
It is true that if we do not manage to have the same speech, it is complicated for the patient. I tell my patients that it is important to be vaccinated and they sometimes tell me that one of their caregivers is not supportive, so doubt and anxiety set in. We have the right to think what we want, but as soon as we are in the care of the patient, we must be as objective as possible. When a caregiver has doubts, which happens to all of us, he should not hesitate to ask questions and discuss with colleagues whose specialty it is such as infectious disease physicians. There is free choice for everyone, but we must not forget that we have very high risk patients. We must remain clear and objective, and above all always weigh the risk-benefit which is not the same in this group of patients as in the general population.
Some prefer to take plants ...
It is important that patients who take herbs continue to do so if it makes them feel good, there is often no contraindication with their treatment. Just as it is necessary to maintain physical activity, especially in diabetic and / or obese patients. All of this reduces risk and is good for morale. But for now, the vaccine remains the solution proven to have an effect in reducing the risk of severe disease.
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