Infos citoyennes
18/11/06
Communiqué des Associations AQUAA & NEGAWATT
Suite à l’article de France-Guyane du 15/11/2006 « EDF voit l’avenir en diesel »
« Une vérité qui [ne] dérange » pas EDF
Alors que les appels et les sommets se multiplient pour tenter de contrer le changement climatique, qu’on observe la fissuration sans précédent des glaces du pole Nord, EDF annonce sans frémir un investissement de 70 millions d’Euros dans une nouvelle centrale diesel de 70 MW pour la production d’électricité en Guyane.
Pourtant, qui ne sait pas aujourd’hui que l’exploitation des ressources fossiles depuis à peine plus d’un siècle nous prépare un bouleversement sans précédent : une hausse des températures et du niveau des océans mais surtout des épisodes météorologiques dont l’ouragan Katerina n’est qu’un avant goût !
EDF Guyane se prépare donc à obérer l’avenir (de la Guyane et des générations futures) pour 30 ans :
30 ans de rejet de CO2, 30 années pendant lesquelles on ne pourra proposer d’alternative renouvelable puisque la capacité de production sera satisfaisante.
On peut se poser la question : est-ce ainsi qu’on inscrit la Guyane dans l’avenir et le développement durable, acclamé dans tous les discours mais pas dans les actes ?
Il va sans dire que des solutions existent pour un coût global égal sinon inférieur, car enfin, de
combien sera le coût d’exploitation de la centrale avec un baril de pétrole dont le prix flambe d’année en année dopé par la demande décuplée en Asie ?
Tout d’abord, l’énergie qu’on ne consomme pas ne coûte rien (y compris sur le plan
environnemental) : sobriété, avoir les réflexes et les accessoires (minuteries, etc.) pour éteindre les usages quand on est pas là ! Réapprenons la valeur de l’énergie !
Ensuite il existe des solutions efficaces pour un service au moins égal : construction bioclimatique, lampes à économies d’énergie, eau chaude solaire, climatiseur inverter… la liste est longue !
Enfin comment peut on balayer les technologies utilisant des énergies renouvelables : en Guyane, l’éolien pour lequel un gisement existe avec des éoliennes de grande puissance, le solaire thermique pour l’eau chaude ou photovoltaïque avec le raccordé réseau (systèmes devenus rentables cette année grâce aux dispositifs fiscaux et au tarif de revente à EDF).
Signalons que la production solaire est plus importante en saison sèche… quand « le barrage a ses limites ». Il ne faudrait pas oublier la biomasse : les centrales bois valorisant les déchets de scierie, le biogaz, les biocarburants qui peuvent répondre à des demandes de pointe à la place du diesel.
Il faut ajouter que de telles solutions sont génératrices d’activités économiques locales au détriment du combustible fossile importé. Elles sont aussi meilleures pour notre santé.
Est-ce qu’on ne le fait pas déjà ? Oui mais à toute petite échelle qui se voit mais ne pèse presque rien.
Il n’y a pas d’argent pour investir dans ces solutions ? Le fond de péréquation qui garantit un prix de vente de l’électricité en France identique pour tous reverse des dizaines de millions d’Euros à EDF pour combler son « déficit ». Ce fond est géré par la Commission de Régulation de l’Electricité (CRE) qui obéit à l’Etat… qui est actionnaire majoritaire de EDF.
Aujourd’hui nous savons, nous pouvons et devons le faire… pour nos enfants !
Nul ne peut dire combien coûtera le changement climatique mais il est certain que demain, compte tenu de l’inertie de la « machine climatique » planétaire, il sera trop tard.