Comme chaque année, ce numéro spécial d’Antiane-Eco offre un éclairage assez large en forme de bilan économique et social de l’année passée. Complémentaire des Tableaux Economiques régionaux qui regroupent des informations qui font référence, il apporte un regard sur les évolutions des principaux secteurs de l’économie.
Dans un contexte mondial de croissance soutenue, l’année 2005 en Guyane n’a pas été marquée par la même évolution. A vrai dire la zone Euro, dans laquelle se situe la Guyane, demeure toujours moins performante en raison du niveau de sa monnaie et de la surfacture énergétique. Dans l’environnement immédiat de la Guyane, les pays du Caricom à l’exception du Guyana et le Brésil (+2,3%) sont toujours en forte croissance (+5,9%).
L’année 2005 a été mitigée pour la Guyane avec des motifs de satisfaction, des évolutions à surveiller, mais aussi des signaux d’alerte toujours présents.
Des motifs de satisfaction
L’activité économique a été soutenue par la croissance des encours de crédits :
Les encours de crédits s’élevaient à 1 411 millions d’euros en fin d’année, en croissance de 9%. Les entreprises sont les principales bénéficiaires avec 52 % des encours. Les ménages sont les deuxièmes bénéficiaires avec 49% des crédits distribués. Soulignons la participation en hausse des banques dans le financement de l’immobilier.
Les banques de la place ont participé plus à la croissance des encours ( +17%), elles ont résorbé une bonne partie de leurs créances douteuses qui ne représentent plus que 18% des crédits contre plus de 50% entre 1994 et 2000.
Ce dynamisme bancaire a permis le soutien de l’activité au travers de la consommation et des investissements.
Une certaine stabilité des prix :
Les prix à la consommation des ménages guyanais ont progressé de façon modérée en 2005 (1,5 % de hausse), en dépit de la forte poussée des prix de l’énergie et des services. Les prix de l’alimentation en baisse pour la première fois depuis 1999, et le repli continu des produits manufacturés ont finalement tempéré la progression de l’ensemble des prix.
Des secteurs d’activité en croissance :
- La construction de logements neufs
- Le spatial
- La fréquentation hôtelière
La construction de logement en croissance
La tendance haussière (1456 permis contre 1283 en 2004) après le tassement après 2002, est observée dans le logement individuel (54% des permis de construire). 1/3 des logements autorisés l’ont été en faveur des bailleurs sociaux et 16% par des promoteurs privés. Cette tendance est toujours présente au début de l’année 2006. Toutefois, en dépit de sa progression constante, le parc de logement demeure toujours insuffisant par rapport à la demande avec 52 logements sociaux pour 1000 habitants. La solution passe par une plus forte augmentation de la production de tous types de logements.
Le Spatial présente des perspectives avec la 1ère place mondiale de la société « Arianespace »
Le CNES a coordonné la restructuration industrielle de la base dans la perspective de l’échéance des contrats de prestations industrielles.
Les travaux de construction des installations du lanceur Vega ont continué en 2005.
Les travaux de terrassement du chantier Soyouz ont commencé en janv. 2005. et parallèlement à ces travaux, un appel d’offre pour la réalisation des infrastructures a été lancé. Le marché recouvrait le génie civil, les VRD, les réseaux énergie et les systèmes de climatisation. C’est le groupe VINCI qui a été désigné.
Les réussites opérationnelles avec un « sans faute » de 5 lancements, les 7 nouveaux contrat signés en 2005, ont conforté la confiance dans ce secteur qui continue de tracter l’économie guyanaise.
La fréquentation hôtelière en hausse
En 2005, la fréquentation des hôtels a connu un léger rebond après une année 2004 particulièrement morose. On note toutefois des disparités entre le centre littoral qui a augmenté sa fréquentation de 10 points et les extrémités de la Guyane, Saint-Georges et Saint-Laurent qui perdent 6 points. Cela s’explique par l’activité spatiale en hausse en fin d’année.
Des évolutions à surveiller
Le léger repli de la création d’entreprise ; avec toutefois plus de 1000 entreprises créées :
Au premier janvier 2005, la Guyane réunissait 7 600 entreprises dans les secteurs de l’industrie, la construction, le commerce et les services non financiers. Industrie et Construction rassemblent 31 % des entreprises.
Un ralentissement des créations d’entreprise est constaté en 2005. A l’exception de l’industrie et de la construction (les entreprises de construction ont augmenté de 190 unités, cela corrobore l’augmentation du nombre de logements construits), tous les secteurs sont concernés.
Soulignons que les entreprises classées industrielles sont constituées d’unités spécialisées dans la boulangerie, la préparation industrielle de produits à base de viande.
La Guyane a toujours le taux de création d’entreprise le plus élevé des trois DFA.
Les 1016 entreprises nouvelles de l’année 2005, ne génèrent pas beaucoup d’emplois (majoritairement des entrepreneurs solos). 88 % n’ont aucun salarié et cinq entreprises dépassent le seuil des 10 salariés.
La forme juridique privilégiée reste celle de l’entreprise individuelle, 35 % seulement sont déclarées en société.
En nombre de créations, dans un ordre d’importance, on retrouve : le secteur des services, le commerce, la construction, l’Industrie.
Notons enfin, qu’entre 1993 et 2005, 12 000 entreprises ont été crées en Guyane, alors que le parc n’a progressé durant cette période que de seulement 1500 unités.
La croissance démographique continue à un rythme soutenu :
Population estimée en janv.2006 : 197000 habitants, soit plus de 7000 habitants en un an.
Le taux de croissance avoisine les 3,5% et reste parmi le plus élevé des régions françaises et se classe parmi les premiers mondiaux. Il est porté par un nombre de naissances jamais atteint, 6000, un solde migratoire toujours positif et une mortalité parmi les plus faibles des régions françaises.
Des signaux d’alerte toujours présents
Commerce extérieur indique toujours une dépendance de l’extérieur et le peu de progrès du PIB
Nous retenons, en dépit d’une progression des exportations de 3,3%, les élevant à une somme de 92,9 M€, un déficit commercial encore creusé en 2005 avec des importations en croissance de 9,5% pour atteindre 738,6 M€.
La croissance des importations tractée par la consommation en hausse est imputable à l’énergie, les biens manufacturés et aux Industries Agro-Alimentaires.
Les importations de carburant ont fortement progressé de 2004 à 2005, + 42 % due à une légère progression des quantités et une forte augmentation des prix.
Les exportations concernent surtout les biens intermédiaires, la production aurifère 46 % et une petite production d’articles en bois.
Les produits divers issus des industries agro-alimentaire représentent un septième des ventes et trouvent principalement des débouchés en Métropole, Martinique et Guadeloupe.
Sur les cinq dernières années force est de constater que dans l’agriculture, on exporte de moins en moins.
L’économie guyanaise est toujours fortement dépendante de l’extérieur et de ses échanges avec la métropole qui reste son premier client et son premier fournisseur.
L’Orpaillage reste une activité source de questions :
Le budget consacré à la recherche d’or primaire en 2005 est de 5M€. Une variation de –2M€ par rapport à 2004.
140 titres miniers valides.
1900 kg de production d’or en 2005 (total exploitations PME et exploitations par les artisans mineurs) Variation 2005/2004 est de –31,1 %.
Les exportations en valeur représentent 42 366 K€ contre 60 435 K€ en 2000.
Les investissements et la production déclarée baissent mais l’activité aurifère de la Guyane exporte deux fois plus d’or qu’elle ne déclare en produire.
Le marché du travail, un bilan annuel avec des satisfactions mais surtout des chiffres préoccupants :
Des satisfactions :
- Population active en hausse : +3%
- Emplois en hausse : +5%
- Surtout des emplois salariés
Des chiffres préoccupants :
- Nombre de chômeurs en hausse : +4%
- Les chômeurs représentent 26,5 % des actifs en 2005
- Les plus touchés sont les jeunes de moins de 25 ans, le taux de chômage atteint chez ces jeunes 52%.
Il y eut une évolution contrastée de la demande d’emplois en 2005, forte hausse suivie d’une forte baisse, qui est en partie due au déficit d’emplois aidés offerts par les politiques publiques. En fait, le début de l’année a été le moment de la mise en place du plan de cohésion sociale avec l’abandon et la création d’un certain nombre de mesures. Les chômeurs longue durée ont vu leur nombre augmenté de 7% entre fin 2004 et fin 2005 et leur part dans la demande d’emploi total est passée de 32% à 35%, signe d’une dégradation relative de leur situation.
La « Solidarité » en progression avec la démographie galopante :
67000 enfants ouvrent droit aux prestations de la CAF en Guyane, soit plus 5% par rapport à 2004. Ces aides vont de la petite enfance à l’entretien des enfants, et sont principalement attribuées aux personnes sans ressources qui élèvent seules leurs enfants.
Agence pour la CREation et le Développement des Entreprises en Guyane
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