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Infos citoyennes

02/06/06
Le "plan Guyane"

Discours de Léon BERTRAND ministre délégué au tourisme pour la présentation du plan Guyane au nom du gouvernement.

Seul le prononcé fait fois

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président du Conseil régional,
Monsieur le Président du Conseil général,
Monsieur le Président de l’Association des Maires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

Le plan d’action pour la Guyane que je suis venu vous présenter aujourd’hui, au nom du Gouvernement de Dominique de VILLEPIN, et du fait de l’indisponibilité de mon Collègue François BAROIN, a été arrêté dans son principe lors du Conseil des ministres du 29 juin 2005 à l’initiative du ministre de l’Outre-mer, maître d’œuvre de ce plan.

C’est le fruit d’un important travail interministériel, ce qui explique sans doute sa longue gestation.
C’est aussi le résultat de multiples rencontres, d’écoute et de concertation qui dépasse la simple relation entre l’Etat et une région, fût-elle d’outre-mer.

Comme vous le savez, la Guyane occupe une place particulière dans le cœur du Président de la République, Jacques CHIRAC, et vous savez également que depuis qu’il m’a appelé au Gouvernement en 2002, je n’ai pas ménagé mes efforts pour sensibiliser l’ensemble de mes Collègues aux particularités de notre département.
La Guyane reste encore bien mal connue : pour sa réalité géographique et culturelle c’est un département français d’Amérique- sa population, sa jeunesse, ses atouts, mais aussi ses difficultés, son retard d’équipement.

C’est ainsi que depuis 2002, j’ai tiré par le bras plus d’une dizaine de mes collègues, de la santé, de la justice, de l’écologie, de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, de l’agriculture, de la jeunesse et des sports et encore dernièrement Nicolas SARKOZY, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire, pour leur faire toucher du doigt, ici même, la réalité particulière de la Guyane.
Ce n’est donc pas un hasard si le premier déplacement de François BAROIN, Ministre de l’Outre-mer, a été consacré à la Guyane. C’est à la suite de cette visite officielle en juin 2005 que le Plan d’action pour la Guyane s’est imposé, alors, comme une évidence partagée.

Toutes ces visites ministérielles ont aussi fourni l’opportunité aux Guyanaises et aux Guyanais, aux responsables des deux grandes collectivités, la Région et le Département, aux maires, mais aussi aux représentants des Chambres consulaires, aux socioprofessionnels de faire part de leurs difficultés, de leurs projets, de leurs attentes.

Le Plan Guyane ne résoudra pas tous nos problèmes mais, fruit d’un long travail d’écoute et de dialogue, au niveau local et au niveau de l’Etat, il doit permettre d’apporter des réponses rapides et adaptées aux besoins du moment de la Guyane.

Il part d’un diagnostic, cible des actions prioritaires (santé, lutte contre l’immigration irrégulière, logement, développement économique, tourisme) sur l’ensemble du territoire et se décline selon un mode opératoire qui se veut efficace et réactif.

C’est un plan d’action défini sur deux années, 2006 et 2007, qui mobilise des crédits nouveaux de l’Etat.
Pourquoi un plan de plus pour la Guyane ?

Nous avons déjà connu le « plan Vert » de 1975 à 1980, le « plan Phèdre » en 1988 pour l’équipement notamment des communes de Kourou et Sinnamary assuré sur les crédits du CNES et du FIDOM, le « Plan de développement du Maroni » en 1991, encore un nouveau « plan Maroni » en 1996.

Pour tous ceux qui vivent la Guyane au quotidien, je le disais, un plan d’action, d’urgence, pour la Guyane, c’est une évidence. Vu depuis PARIS, c’est souvent plus théorique, et c’est pourquoi il n’est pas inutile de souligner l’opportunité de ce nouveau plan.

I) La situation spécifique du département appelle un effort particulier de l’Etat

La très forte évolution démographique (+ 3,6% par an) que connaît la Guyane suscite un besoin de création de logements sociaux (11 000 familles en attente de logements), d’équipements scolaires (entre 3 500 et 5 000 enfants non scolarisés), d’établissements de soins.

Par ailleurs, les retards accumulés en termes de services de base, l’eau potable, l’assainissement, le traitement des déchets, doivent être rattrapés par une action concentrée sur des équipements prioritaires.

Enfin les grandes infrastructures (route nationale) et les projets d’aménagement de zones industrielles doivent faire l’objet d’un soutien ciblé sur quelques opérations majeures constituant un effet de levier pour l’économie.

Les politiques publiques ne peuvent plus méconnaître la situation démographique de la Guyane.

Elles doivent anticiper les évolutions à venir :
  • Le taux de croissance annuel signifie un quasi doublement de la population à l’horizon des 20 ans (426 000 habitants en 2030) sont prévus ;
  • C’est également une population extrêmement jeune : plus de 50% a moins de 25 ans.
  • Il est clair que ces évolutions démographiques induisent des besoins importants en termes d’éducation, de santé et d’équipement collectifs :
  • Un tiers de la population guyanaise est scolarisée, soit 63 838 élèves. Au total, 10 000 élèves supplémentaires sont attendus d’ici 2010 ;
  • En terme de santé publique, l’espérance de vie reste inférieure à la métropole : 72 ans pour les hommes, 78 ans pour les femmes. Avec une mortalité infantile et périnatale toujours élevée : 10 ‰ et 19 ‰ ;
  • D’où le besoin de rattrapage sanitaire : la Guyane est le département le plus touché par le sida. Une grande partie de la population souffre d’enclavement et n’a pas accès aux soins d’urgence tandis que le personnel médical reste insuffisant, avec notamment des spécialités qui ne sont pas représentées.
II) Pour aider à remédier à une telle situation, l’Etat a donc choisi, au travers de ce plan d’action, de mettre en oeuvre une stratégie de « booster ».

Par ce plan, l’Etat présente un projet de développement global.

Ce plan d’action pour la Guyane concerne l’ensemble du territoire en accentuant les efforts du Gouvernement en faveur du rééquilibrage des territoires, en anticipant la logique de la prochaine génération des contrats de plan.
Les actions sont ciblées et mises en œuvre selon une méthode volontariste. Car l’urgence est également à prendre en considération dans le traitement administratif et financier des opérations :

- le financement suivra une procédure spécifique : pas de régulation budgétaire, les fonds sont « sanctuarisés » ;

- la programmation est de fait limitée dans le temps, gérée et réalisée localement ;
- mise en place au sein de la trésorerie générale d’une cellule de suivi destinée à accélérer les paiements, sous l’autorité du Trésorier Payeur Général ;

- J’ai demandé enfin au Ministre de l’Intérieur la nomination d’un haut fonctionnaire chargé de mission pour suivre le déroulement de ce plan d’action.

En outre, pour la Guyane l’effort de l’Etat est un signal en direction de l’Europe

Sur la base du constat de l’évolution démographique de la Guyane et de la baisse concomitante de son Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant, il a été décidé après concertation, qu’une péréquation serait opérée sur le montant du FEDER et du FSE dévolu aux DOM pour la période 2007 – 2013.

A ce titre, la part de ces fonds attribuée à la Guyane sera abondée de 40 M€ hors l’accroissement normal de 49 M€ prévu pour le prochain plan. Ainsi, la dotation de la Guyane, au titre de ses fonds structurels passera de 318 M€ en 2000-2006 à 407 M€ pour la période 2007-2013.

Je précise que dans un contexte budgétaire difficile, tout a été fait pour obtenir des engagements financiers en autorisations d’engagements (AE) et crédits de paiements (CP) dès 2006, centrés sur les opérations prioritaires du plan.

Ces engagements seront poursuivis dans le cadre de la préparation du Projet de Loi de Finances (PLF) 2007.

Cette volonté affichée du Gouvernement à l’égard de notre région ultra-périphériques est de nature aussi à encourager l’Europe à poursuivre et consolider sa contrepartie dans ses objectifs de convergence.

Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, le plan Guyane offre ainsi un financement charnière, entre la fin des programmations européennes et nationales 2000-2006 et le lancement des nouvelles programmations qui sont actuellement en phase de définition.

En définitive, le plan proposé représente une enveloppe disponible de plus de 152 M€ pour des opérations prioritaires à conduire en 2006 et 2007, enveloppe qui se détaille de la manière suivante :
  • 122,6 M€ de crédits nouveaux qui résultent, pour l’essentiel, d’arbitrages ministériels en2006 ;
  • 30 M€ de crédits sur le projet de loi de finances 2007
III) Le plan d’action pour la Guyane traduit l’engagement de l’Etat sur les problématiques prioritaires de l’outre-mer, à savoir le logement social, la santé publique, l’emploi et l’éducation, le développement économique et le tourisme

Logement social : le gouvernement a élevé au rang de priorité nationale la politique du logement. La consolidation et l’augmentation des crédits publics pour le logement social outre-mer ont été obtenues dès 2005.
D’importantes opérations de réhabilitation de l’habitat insalubre ont été lancées et le partenariat avec l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) a été étendu à l’outre-mer et particulièrement à la Guyane.

La seconde étape verra, en 2007, la mise en œuvre par le ministre de l’Outre-mer d’une initiative pour la relance du logement qui devrait permettre de combler le déficit du logement social sur une période de 5 ans.
Ce plan s’inscrit dans cette perspective : il concrétise un apport supplémentaire de l’Etat avec la Caisse des dépôts et l’Agence Française pour le Développement pour lancer un programme ambitieux de 1500 logements par an et la réhabilitation de l’habitat insalubre.
L’aménagement foncier sera pris en compte avec les Zones d’Aménagement Concerté (ZAC) à Saint Laurent du Maroni, Matoury, Macouria et Kourou. Le montant prévu par le plan pour ces opérations est fixé à 18 M€.

Santé publique : trois grandes opérations d’investissement, chiffrées à
7,65 M€ pourront être lancées : le centre pour personnes âgées dépendantes de l’hôpital de Cayenne, le centre d’accueil et l’unité psychiatrique de Saint-Laurent du Maroni.

La santé publique, c’est également le rattrapage des retards d’équipements structurels des communes de l’intérieur et d’élimination des déchets. Le plan prévoit à cet égard le financement, à hauteur de 550 000 €, de la réhabilitation attendu des décharges de Saint Laurent du Maroni et de Maripasoula.

Grâce à un apport de 8 M€, l’Etat assurera le financement des réseaux d’eau potable et d’épuration des communes de Camopi, Saül, Maripasoula, Saint Laurent du Maroni et Kourou.

Emploi et d’éducation : le plan Guyane se veut une réponse globale à un handicap structurel dont souffre l’économie guyanaise.

La population active a doublé depuis 1982 avec 60 000 actifs, soit 65% de la population âgée de 15 ans ou plus.

80% des emplois occupés sont à faible ou moyenne qualification et le taux de chômage atteint un record de 21.7%, soit plus du double de la métropole. Dans le même temps, 10% des emplois ne sont pas déclarés

Il faudra bien pourtant un jour que l’activité issue des commandes publiques et que les aides sociales cèdent la place à un véritable développement économique.

Dans ce contexte, la première priorité reste la formation.
Le plan Guyane va permettre de dégager un financement complémentaire de l’Etat de 5 M€ pour le pôle universitaire Guyane.
En matière de constructions scolaires du premier et second degré, il autorise le lancement du programme de construction de 60 classes primaires, réparties sur l’ensemble du territoire, de deux collèges et d’un lycée, pour 12 M€.

Le plan Guyane, c’est aussi l’amorce de nouvelles activités économiques et le renforcement des filières existantes, 3,5 M€ y sont consacrés. Sept dossiers de petites entreprises industrielles pourront être finalisés ainsi que la création d’un centre de gestion pour les créateurs d’entreprises.

Le plan Guyane accompagnera l’effort consenti dans le cadre des futures contractualisations (contrat de projet et fonds européens) en matière d’innovation.

L’absence de pôle de compétitivité, d’incubateur, ou de pépinière d’entreprises, impose la mise en place d’une stratégie commune et un travail en réseau dans la recherche et l’innovation.

Les structures ou outils ayant dans leurs attributions la promotion de l’innovation et la création d’entreprises innovantes, (comme OSEO-Anvar, la DRIRE ou Guyane Technopole), doivent travailler ensemble pour l’accompagnement des entreprises.
A ce titre, des secteurs clé ont été définis pour la Guyane qui vont des « télé-technologies » aux « biotechnologies en milieu tropical ».

La valorisation des ressources naturelles régionales doit être appréhendée dans ce contexte.

En matière, enfin, de tourisme, la filière a du mal à se développer malgré les atouts dont dispose la Guyane que sont la culture, le patrimoine, la biodiversité, le spatial, l’environnement amazonien ou sud-américain.

Nous possédons une offre originale, qui s’adresse à un marché de niche, celui des grands voyageurs, des amateurs de grands espaces mais aussi plus simplement celui des amateurs de nature et de culture authentiques.

Une récente étude d’ODIT France sur les attentes des touristes français vis à vis des DOM indique ainsi que plus de 200 000 visiteurs sont potentiellement intéressés par la Guyane.

Il nous appartient aujourd’hui de leur proposer des produits nouveaux et attractifs, et c’est tout l’objet du volet touristique que j’ai fait intégrer dans le Plan Guyane. Deux grands principes guident notre action :

1. obtenir une répartition homogène des projets sur l’ensemble du territoire ;

2. accroître l’offre d’hébergement en consolidant l’existant et en créant une offre « haut de gamme » ;

L’Etat apportera dans le cadre de ce plan 5 M€ pour la réalisation du volet tourisme afin que puissent être accueillis 15 à 20 000 touristes de plus par an. Les retombées financières attendues de cette fréquentation additionnelle sont de l’ordre de 10 M€ et ce sont plus de 400 emplois directs qui devraient être créés dans ce cadre.

IV) D’autres problématiques spécifiques à la Guyane ont été également prises en compte :

S’agissant des infrastructures, le plan permettra le lancement du revêtement de la RN2 pour une enveloppe totale de 30 M€, soit 20 M€ du seul Ministère de l’Equipement, et 10 M€ qui font actuellement l’objet de discussions avec la Région.
Par ailleurs, 7 M€ seront consacrés à la réfection des ouvrages hydrauliques.

Concernant la sécurité et la lutte contre l’immigration irrégulière, le plan prévoit le financement par le ministère de l’Intérieur, pour 4,58 M€, des locaux de la police aux frontières de saint Georges de l’Oyapock et de Saint Laurent et du centre de rétention administrative de Rochambeau.

Sur ce volet très important, le ministre de l’Intérieur, Nicolas SARKOZY a lancé une mission d’expertise et nous devrions disposer des conclusions de cette mission lors de sa prochaine visite à la fin du mois de juin.

En matière d’environnement, l’important projet du Parc national bénéficiera dans le plan Guyane d’un engagement de l’Etat de 2,5 M€ nécessaire à sa mise en route. Cette phase concernera les premiers investissements liés au siège du parc, aux relais dans les communes concernées ainsi que le lancement des opérations de réfection des pistes d’atterrissage de Camopi et de Saül.

En matière de coopération régionale, la Guyane doit développer encore plus ses relations avec ses voisins, notamment, le Brésil. Trois grands projets de coopération sont en cours avec ce pays :

1. L’édification du pont sur l’Oyapock qui développera de vrais échanges entre l’Amapa et la Guyane - conformément au traité qui a été signé en juillet 2005 entre les deux présidents de la République, l’Etat apporte 15 M€ à la construction de la partie française de l’ouvrage, inscrit au Plan Guyane –

2. une coopération environnementale à travers le rapprochement des deux parcs nationaux

3. et enfin une coopération universitaire dans le cadre de la création du pôle universitaire Guyanais.

Voilà, Mesdames et Messieurs, les éléments que je souhaitais porter à votre connaissance aujourd’hui. Ce plan d’action, par son ambition, sa structure, sa durée limitée dans le temps, fera date dans l’histoire de notre département.

Il n’a pas la prétention de régler d’un coup de baguette magique tous les problèmes de la Guyane mais la présence d’un ministre guyanais au Gouvernement aura permis de donner un nouveau coup d’accélérateur à notre développement.
Je suis fier et heureux d’avoir pu porter les demandes des Guyanaises et des Guyanais jusqu’au cœur du dispositif de décision de l’Etat.

Avec le Président de la République, Jacques CHIRAC, le Premier Ministre, Dominique de VILLEPIN et François BAROIN qui suit de très près cette nouvelle étape, je forme avec vous le vœu que ce Plan puisse signer les bases d’une ère de prospérité pour les jeunes générations.

Je vous remercie.

Léon BERTRAND ministre délégué au tourisme

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