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22/05/06
Communiqué du Bureau du CNRS en Guyane

Suite à la découverte, dans l’après-midi du jeudi 18 mai 2006, des corps assassinés des deux gardes-piroguiers de la station d’écotourisme Arataï, dans la réserve des Nouragues en Guyane française, le CNRS a procédé, par précaution, à l’évacuation de ses stations de recherche du site Inselberg et du site de Saut Pararé, situés dans cette même réserve. Le retrait des stations est transitoire, une sécurisation des sites est mise en place pour éviter les dépradations. Le CNRS souhaite pouvoir ré-investir ses sites de recherche dès que les conditions de sécurité seront restaurées dans le périmètre des stations.

Le jeudi 18 mai, en fin d’après-midi, les corps sans vie de Domingo Ribamar da Silva et Andoe Saaki, connu sous le nom de « Capi » étaient découverts sur le site de la station d’écotourisme gérée par l’association Arataï, dans la réserve naturelle des Nouragues en Guyane française. Domingo et Capi étaient les gardes-piroguiers de cette station qui accueille régulièrement des groupes scolaires et des touristes désireux de découvrir la forêt naturelle de Guyane et sa biodiversité. Nous attendons les premières conclusions des rapports d’autopsie pour connaître la date exacte du décès de Domingo et Capi, qui ont été abattus par tir de fusils de chasse. Selon les premières constatations, aucune altercation ne semble avoir eu lieu, ce qui laisse supposer que les deux malheureux ont été surpris par une attaque crapuleuse dont l’objet reste à préciser. Du matériel– pirogues, moteurs et matériel de téléphonie satellite a été emporté par les criminels. Une enquête de gendarmerie est en cours pour déterminer les circonstances du drame et tenter de retrouver les auteurs des faits.

Capi et Domingo étaient bien connus des personnels CNRS qui séjournent à Saut Pararé, à moins d’une heure de pirogue du camp de l’Arataï, sur la rivière éponyme. C’est en effet à une quinzaine de kilomètres en amont du bras de rivière que se situe le dispositif permanent d’accès à la canopée, COPAS, dont la construction est justement en cours d’achèvement. Capi et Domingo avaient déjeûné à Saut Pararé, le samedi précédent leur mort, en compagnie de l’équipe présente des scientifiques du CNRS, et de diverses institutions étrangères, ainsi qu’une équipe d’ingénieurs franco-allemande procédant à l’installation du ballon d’hélium et de la nacelle. Ce système qui doit permettre aux scientifiques de se déplacer sur la canopée était la touche finale du dispositif COPAS que devait visiter, le jeudi 25 mai la présidente du CNRS Catherine Bréchignac en visite d’une semaine dans le département de la Guyane. A la demande de Mme Bréchignac, cette visite n’est pour l’instant pas suspendue et devrait bien s’effectuer jeudi, avec toutes les conditions de sécurité nécéssaires.

L’émotion des personnels CNRS de Guyane est donc grande à l’annonce de la mort tragique des deux gardes-piroguiers du camp de l’Arataï. Elle associe la gouvernance du CNRS représentée ici par Mme Catherine Bréchignac, présidente du CNRS, et M. Bernard Delay, directeur du département scientifique Environnement et Développement durable!du CNRS, tous deux actuellement en visite dans le département dans le cadre d’une mission prévue de longue date. L’ensemble des personnels associé au CNRS-Guyane témoigne sa plus sincère compassion aux proches de Domingo Ribamar da Silva et Andoe Saaki, à leurs familles ainsi qu’à leurs collègues et amis de l’association Arataï.

Face au caractère gravissime des faits, M. Alain Pavé, représentant du CNRS en Guyane a pris dès vendredi 19 mai la décision de procéder à l’évacuation de l’ensemble des personnes qui séjournaient sur les camps scientifiques des Nouragues-site Inselberg, et Saut Pararé. 14 personnes ont été évacuées par des rotations d’hélicoptère organisées les vendredi 19 mai et samedi 20 mai, ainsi que le matériel mobile opérationnel et scientifique installé sur les camps.

Dans la nuit du vendredi au samedi, le camp de Saut Pararé, où se trouvait encore quelques personnes, a été placé sous la protection de la gendarmerie nationale.
Le retrait de la station des Nouragues est transitoire ; jusqu’à ce que des garanties soient acquises pour restaurer les conditions de sécurité nécessaires à la fréquentation de ce dispositif unique au monde pour l’étude des écosystèmes forestiers intertropicaux. En attendant le retour des chercheurs, le dispositif est sécurisé pour éviter toute déprédation.

La gravité des faits actuels, l’alerte qu’avait constituée le pillage du camp de Saut-Pararé en juin 2004, et le sentiment d’insécurité manifesté de manière récurrente ces dernières années par les chercheurs qui travaillent en forêt profonde autorisent légitimement à s’interroger sur le maintien de stations de recherche forestières en Guyane.

Le CNRS souhaite pour sa part continuer à opérer de telles stations. L’intérêt des recherches scientifiques et des observations sur les écosystèmes forestiers intertropicaux, conduites en Guyane au meilleur niveau et dans un contexte européen et international, sur des stations réputées pour la qualité de leur accueil et de leurs équipements, doit l’emporter sur la crainte d’assister, impuissant, à la transformation de la forêt amazonienne de Guyane en une terre de déshérence abandonnée aux hors-la-loi.

Le site du CNRS en Guyane : www.guyane.cnrs.fr

Bureau du CNRS en Guyane
UPS 2561
Bureau du CNRS en Guyane
16, avenue André Aron – 97300 Cayenne
Tél: 05 94 35 27 99 – Fax: 05 94 35 65 22

Bureau du CNRS en Guyane
Directeur : Alain Pavé
Directeur de la station des Nouragues : Pierre Charles-Dominique
Chargée de la communication : Gaëlle Fornet

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