Une nouvelle application de télémédecine permet d’améliorer et de sécuriser le suivi de grossesse des femmes des communes isolées de Guyane, grâce à un partenariat entre la polyclinique Atlantique de Nantes et le CHAR
Une nouvelle déclinaison des possibilités offertes par la télémédecine trouve une application
dans le suivi des grossesses des femmes des territoires isolés de Guyane. Début décembre
une équipe de la Polyclinique Atlantique de Nantes - Saint-Herblain est venue assister l’unité
en charge de la télémédecine au Centre Hospitalier Andrée Rosemon, pour transposer en Guyane, un dispositif de suivi à distance des grossesses.
À l’origine de cette initiative, le constat fait par des sages-femmes de Loire Atlantique qu’il est parfois plus facile d’envoyer un personnel de santé vers une femme enceinte que de la faire se déplacer vers une structure de santé (éloignement, contre-indication aux voyages,…). Cette vision implique qu’on dispose de la technologie nécessaire auprès de la patiente et que, parallèlement, on sache mobiliser à distance la compétence médicale adaptée.
La première condition a été levée en partenariat avec un industriel du secteur biomédical YSY Medical® qui acceptait de travailler sur un prototype de cardiotocographie (enregistrement des mouvements actifs et battements de cœur du bébé, contractions de la mère) miniaturisé, portatif, autonome et connectable à un ordinateur. La seconde condition a consisté à définir les modalités d’intervention à distance d’un gynécologue obstétricien. Rapidement, la solution de télémédecine s’imposait comme une évidence.
Après un temps d’expérimentation et de mise au point réussies dans des communes reculées de Vendée et sur les iles du littoral Atlantique, en 2012-2013, l’idée de faire profiter d’autres régions de cette avancée technologique faisait son chemin.
Les praticiens de la polyclinique de l’Atlantique comptant dans leur réseau professionnel plusieurs confrères qui exercent en Guyane, la perspective de transposer cette pratique à ce département s’est naturellement imposée, en raison de :
• La nature même du territoire : la région guyanaise comporte des zones isolées et difficilement accessibles ;
• Un taux de natalité fort, du fait d’une population très jeune ;
• La prééminence d’une culture où la naissance n’est pas médicalisée, et où le taux de naissance à domicile est donc élevé, par rapport à d’autres régions en métropole ;
• L’existence d’un savoir-faire local en télémédecine,soutenu par l’Agence Régionale de Santé de Guyane, fondé sur des dispositifs de téléchographie, de télédialyse et de télécardiologie qui fonctionnent en routine depuis plusieurs années ;
C’est dans ce contexte qu’un projet d’installation de deux premiers équipements sur les communes de Taluen et de Régina est finalisé, avec la perspective d’élargir le déploiement à d’autres communes, au terme d’une période d’évaluation.
En novembre 2013, l’équipe de la polyclinique de l’Atlantique a donc rejoint en Guyane les médecins et le personnel technique du Centre Hospitalier Andrée Rosemon, en charge du programme de télémédecine soutenu par l’ARS de Guyane, pour l’installation du matériel et la formation des soignants. Le premier appareil a été installé au CDPS de Taluen, l’infirmière du centre de santé a reçu une formation à l’utilisation du dispositif de mesure et de transmission des données par connexion satellite. Depuis, les tracés du monitoring réalisés sur place sont acheminés via le réseau télémédecine vers la sage-femme de Maripa-Soula et l’équipe des obstétriciens du Centre Hospitalier de Cayenne pour avis.
Les premiers tests ont été satisfaisants : les populations amérindiennes des villages du Haut-Maroni peuvent désormais bénéficier de cette technologie pour la surveillance des grossesses. Le deuxième appareil prévu pourRegina sera mis en service très prochainement.
Au-delà de l’intérêt médical évident de cette nouvelle application de télémédecine dont la principale vocation est de rassurer simplement les futures mamans et d’écarter tous risques pour la suite du développement du fœtus, il existe dans cette expérimentation une dimension médico-économique non négligeable puisque, sur ce volet, l’objectif est de d’optimiser les transferts sanitaires des parturientes en améliorant la pertinence des demandes.
GLOSSAIRE
LA TÉLÉMEDECINE est une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l'information et de la communication. Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient, un ou plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figure nécessairement un professionnel médical et, le cas échéant, d'autres professionnels apportant leurs soins au patient.
Elle permet d'établir un diagnostic, d'assurer, pour un patient à risque, un suivi à visée préventive ou un suivi post-thérapeutique, de requérir un avis spécialisé, de préparer une décision thérapeutique, de prescrire des produits, de prescrire ou de réaliser des prestations ou des actes, ou d'effectuer une surveillance de l'état des patients.
La définition des actes de télémédecine ainsi que leurs conditions de mise en œuvre et de prise en charge financière sont fixées par décret, en tenant compte « des déficiences de l'offre de soins dues à l'insularité et l'enclavement géographique.» — Article L6316-1 du Code de la Santé
Quatre actes de Télémédecine ont été définis dans le Décret n° 2010-1229 du 19 octobre 2010 :
• La téléconsultation, qui a pour objet de permettre à un professionnel médical de donner une consultation à distance à un patient. Un professionnel de santé peut être présent auprès du patient et, le cas échéant, assister le professionnel médical au cours de la téléconsultation. Les psychologues mentionnés à l'article 44 de la loi n° 85-772 du 25 juillet 1985 portant diverses dispositions d'ordre social peuvent également être présents auprès du patient ;
• La téléexpertise, qui a pour objet de permettre à un professionnel médical de solliciter à distance l'avis d'un ou de plusieurs professionnels médicaux en raison de leurs formations ou de leurs compétences particulières, sur la base des informations médicales liées à la prise en charge d'un patient ;
• La télésurveillance médicale, qui a pour objet de permettre à un professionnel médical d'interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical d'un patient et, le cas échéant, de prendre des décisions relatives à la prise en charge de ce patient. L'enregistrement et la transmission des données peuvent être automatisés ou réalisés par le patient lui-même ou par un professionnel de santé ;
• La téléassistance médicale, qui a pour objet de permettre à un professionnel médical d'assister à distance un autre professionnel de santé au cours de la réalisation d'un acte.
Source : CENTRE HOSPITALIER DE CAYENNE
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