L'Anomalie-challenge: Quand Eric Mendi défie le prix Goncourt 2020 Hervé Le Tellier
Dans un article publié récemment sur la toile, Eric Mendi interpelle en l'apostrophant le dernier lauréat en date du prix Goncourt (« Hé ! Le Tellier… »).
Lire la suite
L'Anomalie-challenge: Quand Eric Mendi défie le prix Goncourt 2020 Hervé Le Tellier
Dans un article publié récemment sur la toile, Eric Mendi interpelle en l'apostrophant le dernier lauréat en date du prix Goncourt (« Hé ! Le Tellier… »). Il l'invite ainsi sans façon à regarder son Anomalie-challenge. Mendi entend par là un échantillon de texte inspiré du thème central du roman d'Hervé Le Tellier, revu selon son style narratif d'après un certain mythe (ou « réalité paranormale » ?) des forêts africaines.
Eric Mendi s’intéresse particulièrement aux rencontres de troisième type qui sont rapportées dans L'Anomalie, où il est possible pour certains personnages de faire la connaissance de leur double, sorti d’un mystérieux avion, lui-même surgi de l'inconnu. Ce qui semble avoir attiré son attention, c’est « l'ambiance décontractée » qui anime ces rencontres d'un autre genre. Une hypothèse qui pourrait s'avérer difficilement plausible dans certaines régions des forêts africaines, où l’on jurerait plutôt que « L'anomalie c'est de faire ami-ami avec son double ». Dans l'imaginaire des peuples de ces contrées, d’après Eric Mendi, « rencontrer son double est une prémonition funeste, qui annonce que votre vie va prendre fin dans les prochaines heures. C’est l’ange de la mort, dans la copie conforme de votre appareil. »
Et pour nous en faire une petite démonstration, Eric Mendi s'amuse, bien aise, à conter en quelques paragraphes l'histoire du chasseur qui s'est rencontré lui-même dans les bois, un phénomène dont on pourrait semble-t-il témoigner dans certaines campagnes africaines.
Le résultat peut être… disons « remarquable », pour ceux qui voudraient jouer les grands esprits réservés ; pour nous autres, les émotionnels, c'est tout simplement époustouflant ! Il n'y a pas à redire, Eric Mendi c’est le prototype du génie insolent. Pendant qu'on y est, rappelons qu'il a été par deux fois sacré lauréat du Grand prix des Belles-Lettres du GPAL. En 2016, lorsqu'il est couronné pour la seconde fois, il avait parmi ses concurrents en phase finale un certain Tahar Ben Jelloun de l'Académie Goncourt. L'écrivain marocain prix Goncourt 1987 aura ainsi manqué de peu ce nouveau sésame que convoitent les auteurs de génie ; en revanche son grand rival algérien Yasmina Khadra lui a été couronné au Grand prix des Belles-Lettres du GPAL 2018. Un partout, comme qui dirait.
Mais jugeons le maçon au pied du mur, truelle à la main, par ce petit extrait retranscrit ici avec nos remerciements à la source (Africultures). Il faudrait peut-être aussi préciser au passage que la version intégrale du texte d’Eric Mendi est disponible en ligne. On peut y accéder en tapant l'intitulé : « Prix Goncourt ça m'intéresse : Hé ! Le Tellier, regarde mon Anomalie-challenge ! »
Et maintenant, voici pour vous, estimés lecteurs et lectrices…
Mon Anomalie-challenge
Imaginez-vous seul, sous les arbres, longeant la sente sinueuse d’une forêt dense… Soudain, une apparition plus vraie que nature, surréelle, à la limite : juste là, quelques mètres en face de vous, un autre vous-même textuel. L’homme surgi du ventre de la forêt reproduit avec un naturel déconcertant vos faits et gestes. C’est à couper le souffle ? Lui il l’a déjà coupé, plus estomaqué encore que vous de rencontrer son alter ego. Vous vous dessillez les yeux, il se les frottait déjà ; vous les écarquillez, voilà qu’il les a grand ouverts. Sourire jaune, sourire jaune et demi. Vous le mettez en joue – d’accord, va pour le duel –, il braque son fusil sur vous dans le temps où le vôtre est pointé sur lui, à la milliseconde près. Vous sifflez un « Bon Dieu ! » entre les dents, il fait pareil, plus abasourdi. Une vision, une incarnation, un esprit malin… curiosité partagée – justement, il veut savoir : « Qui êtes-vous ? ». La question est énoncée instantanément des deux bouches, du même timbre vocal, au point où vous n’entendez quasiment pas votre propre voix. C’en est trop. Il faut – exécution – rebrousser chemin ; l’homme surgi du ventre de la forêt vous tourne lui aussi le dos. Un dernier regard par-dessus l’épaule, vous rencontrez le sien dans la même gestuelle…
Réduire - Répondre